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Généalogie Graber en Franche-Comté
Christian C. Emig
[Résumé]
Version
L’histoire de la famille Graber, exilée de Suisse vers l’Alsace d’où elle est chassée pour s’installer sur les terres du prince protestant de Wurtemberg-Montbéliard, est aussi exemplaire qu’exceptionnelle au sein de la communauté mennonite de Franche-Comté. Grâce à leur travail fondé sur un excellent savoir-faire agricole, quelques membres de la famille Graber se sont enrichis et, dès le début du XIXe siècle, ont pu acquérir quelques grands domaines agricoles dans la principauté de Wurtemberg-Montbéliard et dans l’Alsace voisine. Une partie des terres était consacrée à l’élevage et l’autre à la culture. Les autres membres de la famille Graber étaient généralement des journaliers qui travaillaient en se déplaçant dans les différentes fermes de la communauté mennonite en Franche-Comté et en Alsace. En conséquence il n’est guère aisé de dresser la généalogie des Graber comme pour les autres familles mennonites apparentées comme les Klopfenstein, Lugbull, Rich, Roth… la plupart originaire du canton de Berne (Suisse) ; il faut y ajouter un nombre restreint de prénom et de nombreux mariages entre Graber, tous issus de la même lignée. Enfin, les actes les concernant n’apparaissent dans les registres d’Etat-Civil qu’après 1792. Il faut aussi souligner que rares sont les membres de la famille Graber, qui ont émigré aux USA et, avec les Roth, en Pologne et Russie. Grâce à la citoyenneté qui leur fut accordée lors de la Révolution française, des familles mennonites, les plus riches, parmi lesquels des Graber, sont en mesure d’investir dans des propriétés dès le début du XIXe siècle.
1. Historique des Graber de Huttwil (CH-Emmental) aux Gouttes (F-Montbéliard)
L’ancêtre Ulrich Graber est né vers 1660 à Huttwil (Emmental, canton de Berne, Suisse). Son fils Peter, né vers 1681, s’y s'est marié en 1705 avec Elisabeth Peter. Puis, en tant que Täufer (anabaptiste - mennonite), le couple a été chassé par les protestants (zwinglianistes) de Suisse. Il est venu s’installer le 29 novembre 1707 à Jebsheim (Alsace) sur les terres protestantes du prince de des Deux-Ponts, seigneur de Rappolstein (Ribeauvillé) ; leur premier enfant Johannes y est né le 12 décembre 1707, deux semaines après leur arrivée (Lorentz, 2013, sur Geneanet). Peter Graber, fermier d’origine, y apprend le métier de tisserand. En 1685, sept familles anabaptistes étaient recensées à Jebsheim qui était aussi un lieu d’assemblée (Grandidier, 1787).
Ensuite, le 15 avril 1715, suite à l’application de l’édit d’expulsion des anabaptistes de 1712 par Louis XIV, la famille Graber fuit vers le Sud dans le comté de Montbéliard (Principauté protestante de Wurtemberg) et ils se fixent à Etobon (Seguy, 1969).
En effet, le prince Leopold-Eberhard von Württemberg-Mömpelgard, duc de Wurtemberg (1699-1723), régnait sur le Pays de Montbéliard en ce début de XVIIIe siècle (voir Appendice 1) ; il était particulièrement controversé et un séducteur invétéré, courtisant des femmes sans titre avec qui il aura une vingtaine d’enfants. Tenant à les doter, il rachète voire confisque des terres à des particuliers. Afin d’occuper et de faire fructifier ses terres, il accueille des anabaptistes, parmi eux les Graber, expulsés d'Alsace pour cause de religion, que personne ne connaissait et les installe dans ses propriétés. Pour cela, il s'approprie des maisons pour y loger les fermiers de ses grands domaines, notamment à Etobon (près d'Héricourt) (Fig. 1). Les Graber y loue une ferme avec un moulin.
Fig. 1. Carte de distribution géographique des descendants GRABER (non exhaustive) jusqu'au début du XXe siècle, sur un fond de carte de la fin du XVIIIe siècle avec les limites de la Principauté Wurtemberg-Montbéliard, de son comté et de ses seigneuries (Abbévillers dépendait du comtat, ainsi que la seigneurie de Clémont).
Les autres enfants de la famille de Peter Graber naissent à Etobon, le deuxième Catharina au cours des années 1712-1713. Lui-même y décède en 1728. Devenu tisserand durant son séjour en Alsace, il est reconnu comme maître-tisserand en 1713 à Montbéliard comme l’atteste le certificat de ses aptitudes, indiquant cinq ans d’apprentissage dans la corporation des tisserands. Dès 1716, Peter Graber a introduit la culture de la pomme de terre à Etobon, avant la naissance d’Antoine Parmentier (1737-1813).
Johannes Graber (1707-1779), le fils ainé, se marie avec Catharina Fahrni (1706-1773) et ils s’installent à Frédéric-Fontaine (Fig. 1) et leurs six enfants y naissent. Puis, ils viennent à Couthenans (Fig. 1) dans une ferme appar-tenant au médecin Léopold-Emmanuel Berdot (de Montbéliard) que les descendants achèteront au début du XIXe siècle et où la famille vit toujours (voir ci-dessous) : la date exacte de l’arrivée à Couthenans n’a pu être déterminée avec exactitude, elle se situe entre 1746 et 1759. En effet, le dernier enfant est né à Frédéric-Fontaine vers 1745 et un des enfants s’est marié en 1759 à Couthenans. D’autre part, Joseph Graber (1840-1923) indique, dans curriculum vitae remis pour l’obtention de sa Légion d’Honneur, que la famille habitait la ferme depuis 1646 (sic), faut-il lire 1746 ? (voir Appendice 2).
Parmi les autres fermes achetées par les descendants de Johannes, les plus importantes de la région de Montbéliard sont localisées dans la Fig. 1.
Ferme de Couthenans
Depuis que Johannes Graber a pris le fermage de la ferme à Couthenans, elle est demeurée aux mains des descendants Graber jusqu’en 1923, date à laquelle Jeanne Graber épouse Henri Hückel, dont les descendants, mennonites, y habitent toujours.
Le fils ainé Hans Graber (1732-1810) qui épouse Françoise Rich (1734-1818) à Voujeaucourt, est fermier à Couthenans (Fig. 10) :
- leur fils ainé Jean (1761-1814) épouse Catherine Rich (°1765) et devient fermier à Belchamp sur le ban de Voujeaucourt ;
- leur dernier fils Peter Graber (1761-1840), époux de Marie Lichty (1764-1844), qui achète le domaine, dont il était fermier, auparavant propriété de monsieur Berdot. Cette acquisition a eu lieu entre 1806 et 1807, car, selon l'acte de naissance de sa fille Marie (née le 9 février 1806), il est mentionné comme "cultivateur fermier", ainsi que pour les actes antérieurs, mais, le 24 novembre 1807 lors du mariage de son fils aîné Jean (1786-1862), avec Catherine Richard (1787-1858), il est cultivateur. Ce dernier couple va ensuite acheter la ferme des Gouttes à Montbéliard.
Le plus célèbre des propriétaires de la ferme Graber à Couthenans est incontestablement le petit-fils Joseph, fils de Pierre Graber (1791-1849) et de Kraibuhl Louise[1] (1802-1884) voir chapitre 2. Il est l’inventeur de la dénominaion « race montbéliarde ». Les Graber de Couthenans ont favorisé l’élevage, notamment des vaches, dès le XVIIIe siècle et pratiqué la transhumance à Clémont (Fig. 1) dans le Jura (Séguy, 1969).
Il est intéressant de noter, car de telles données étant trop rares, qu’en 1855, la population de Couthenans se composait de 66 familles et 295 habitants, à savoir : 255 protestants de la confession d’Augsbourg (luthériens), plus 8 mennonites, et, 32 catholiques. Depuis 7 ans, 5 familles ont émigré pour l’Amérique.
Autres fermes Graber
Le rattachement du Pays de Montbéliard à la France en 1793 fait des Täufer des citoyens français parmi d’autres, leur donnant ainsi l’accès à la propriété. Aussi, dès le début du XIXe siècle, forts d’une aisance financière réputée, les anabaptistes deviennent propriétaires-exploi-tants : les Graber sont un bel exemple dans la région de Montbéliard. Au XVIIIe siècle, la famille Graber est rencontrée dans près de la moitié des fermes du Clos du Doubs ayant accueilli des anabaptistes. L’activité pastorale semble être une spécialité des mennonites et si l’on se réfère à la surface de prés ou pâtures dans leurs exploitations.
Rachetés à des propriétaires bourgeois ou vendus comme bien nationaux après la révolution française, plusieurs domaines agricoles parmi les plus importants l'ont été par les Graber. Parmi ceux-ci, nous citerons d’abord celui qui est l’objet de la présente étude la ferme des Gouttes à Montbéliard sur un domaine de 65 ha, acheté par Graber Jean (1786-1862), de Couthenans, il est le fils de Peter Graber (1761-1840) qui acheta la ferme de Couthenans : l’histoire du domaine aux Gouttes est relatée ci-dessous.
Deux des neveux de ce dernier Jean Graber, fils de Jean Graber (1761-1814) ont acheté deux fermes (Kalyntschuk, 2006) :
- Pierre Graber (1786-1864), aussi beau-frère de son cousin germain Jean, propriétaire des Gouttes, acheta le domaine (155 ha réduits à 95 ha sur le cadastre avant 1836) de la Chefferie[2] de Marchelavillers sur le ban de Abbévillers (Fig. 10, 11). Son beau-père Richard Melchior (1756-1823) était propriétaire de la ferme Brisepoutot à Pierrefontaine-lès-Blamont (Fig. 1).
Le domaine avait été divisé en 4 lots après sa confiscation comme bien national. En 1822, Pierre Graber a acquis les lots, avec la ferme, de Jean Lügbühl cultivateur au Montchevy (Montbéliard) (avant son émigration dans l’Ohio, USA) et Martin Kunradt, cultivateur aux Bois en Suisse, d’après les Archives départementales du Doubs (code 3E 40/141, minutes de Georges David Charles Louis Berger, notaire à Montbéliard). Tous les deux sont des mennonites ; ils avaient acheté leurs lots (environ les 2/3 de la chefferie de Marchelavillers) en 1804.
Le domaine comprend 51% de prés et pâtures, 34% de labours et 15 % de bois. L’orientation pastorale donnée par Pierre Graber au domaine est nette.
- Joseph Graber (1805-1880) acheta en 1832 la ferme du Pré-au-Prince sur le ban de Glay (Archives départementales du Doubs, 3P 276/2, matrice cadastrale du XIXe siècle; Fig. 1) où la répartition pâtures-labours-bois est plus équilibrée, mais les prés y dominent tout de même.
La ferme de la Chefferie de Grandvillars (Territoire-de-Belfort) a été occupée par Jean Graber (1913-1888) d’Abbévillers et Catherine Graber (1815-1879) de Couthenans, probablement à partir de 1851-1864. L’ont-ils achetée ? Selon les informations données par la famille, la ferme a appartenu au fils Joseph Graber (1851-1938), époux de Françoise Graber (1854-1930) : ils possédaient trois fermes et sont ensuite partis s’installer dans une belle bâtisse à Porrentruy dans le Jura suisse ; ils n’avaient pas de descendant.
La ferme de Grandvillars a été achetée par Pierre Graber (1869-1940), son neveu, époux en secondes noces de Rosalie Richard (1872-1943). Un de leurs fils, Pierre (1901-1990) en devient propriétaire. Aujourd’hui, elle est gérée par son petit-fils Thierry (fils de Daniel Graber) et son épouse Esther. Un autre fils Alfred Graber (1904-1985) et son épouse Marie Roth (1905-1995) achètent en viager la ferme A des Gouttes à Montbéliard (Fig. 12).
Les descendants de Peter Graber ont acquis d’autres domaines (Fig. 1), comme dans le Friolais, comme près de Maîche (Doubs), par Christian Graber (1782-1859), fils de Peter Graber, frère de Hans Graber.
Les Graber de la Ferme des Gouttes
C'est au début du XIXe siècle que le domaine des Gouttes est acheté par Jean Graber[3], né en 1786 à Couthenans, où il s’est marié en 1807 avec Catherine Richard (Ritschart), née en 1787 dans la ferme Brisepoutot à Pierrefontaine-lès-Blamont ; les deux décèdent aux Gouttes respectivement en 1862 et 1858 (Fig. 5, 10). Sa sœur Marie Richard (1790-1871) épouse en 1809 Graber Pierre (1786-1864), le cousin-germain de Jean, qui, en 1822, achète la Chefferie de Marchelavillers (Abbévillers).
Jean Graber (1786-1862), avec son épouse Catherine Richard (1787-1858), arrivent, comme propriétaires, aux Gouttes entre 1815 et 1818 : leur fille Catherine est encore née à Couthenans en 1815 - et - en 1818 leur fille Marie naît aux Gouttes. A leur arrivée existait une ferme originelle, représentée sur cadastre napoléonien dressé en 1812. Les locataires étaient des Roth, apparentés aux Graber et descendants des Frey-Schürch (voir ci-dessus). Elle était sise sur le ban de Montbéliard.
Fig. 2. Ferme des Gouttes, dite du Haut - A - sur le ban de Montbéliard
Selon la mémoire familiale (Jean Métille : comm. pers. 2012), Jean Graber a construit trois fermes sur le domaine des Gouttes :
La première ferme (A) dite du Haut a été édifiée, en 1834, à l’emplacement de l’ancienne ferme des Gouttes qui apparaît encore au cadastre du ban de Montbéliard dressé en 1812 ; elle pourrait bien intégrée une partie de la ferme originelle (Fig. 2, 3) ou détruite ultérieurement. Car, de cette ancienne ferme, il ne reste plus rien aujourd’hui, sinon un hangar métallique à l’emplacement de l’ancienne bergerie en face de la nouvelle ferme de l’autre coté de la rue (Lina Hirschy, née Graber : comm.pers. 2012). Cette ferme (A) est occupée par des Graber jusqu'au rachat des bâtiments et du terrain attenant par la Ville de Montbéliard en 2003. Elle avait été achetée en viager par Alfred Graber (1904-1985) de Grandvillars, un cousin de Jean Graber (et le père de Lina Hirschy) (Tableau 1 ; Fig. 10). Ce Jean Graber[4] avait deux garçons et deux filles, restés tous célibataires.
En effet, à l’occasion de la cessation d’activité pour la dernière ferme anabaptiste de Montbéliard des Gouttes , la presse locale s’est fait l’écho de la nécessité de sauvegarder les bâtiments, patrimoine de la ville. En 2003, la ferme a été rachetée par la ville de Montbéliard. Malheureusement, la chapelle mennonite attenante a été démolie.
En début 2013 a eu lieu le lancement des travaux de réhabilitation de la ferme pour y accueillir une fromagerie qui commercialise maintenant différents produits, dont Le Montbéliard, de la tomme, de la raclette… Elle est gérée par la Coopérative laitière du pays de Montbéliard. D’autres producteurs peuvent également y vendre leurs produits (miel, légumes, fumés) dans une boutique de produits locaux. Du producteur au consommateur sans intermédiaire.
Fig. 3. Localisation de la ferme originelle des Gouttes sur le cadastre napoléonien de 1812. Localisation en 2012 des trois fermes des Gouttes.
La deuxième ferme (B) a été achevée en 1838 ; comme la précédente, elle est sise sur le ban de Montbéliard (Fig. 3). Elle appartient toujours aux descendants des Graber. Catherine (1815-1879), le premier enfant de Graber Jean et Richard Catherine à être née aux Gouttes, épouse en 1836 Graber Jean (1813-1888), son cousin-germain, fils de Graber Pierre et Richard Marie, de la Chefferie de Marchelavillers (Abbévillers), où ils habiteront et décéderont à Grandvillars. Deux de leur petits-fils, Jean (1872-1933) et Pierre (1869-1940) Graber héritent en indivision de la ferme (B) Jean et son épouse Amstutz Anna (1882-1965) en deviennent les uniques propriétaires en rachetant la part de Pierre, ils habitent la ferme et cultivent le domaine elle est toujours aux mains de leurs descendants, la famille Métille, qui y habitent toujours (Tableau 1 ; Fig. 3, 11).
La troisième ferme (C), construite en 1842, est, par contre la seule sise sur le ban d’Exincourt (Fig. 3, 4). Elle a été achetée par Ariste Métille (1899-1982) et Hélène Graber (1905-2002), son épouse. Puis, elle a été vendue par leur fils Jean Métille (Tableau 1). C'est aujourd'hui un gîte proposant des chambres d'hôtes. La mention de la commune permet de discriminer entre cette ferme et les deux autres. Aujourd’hui, le quartier d'Exincourt situé en contrebas s'appelle Pied d'Egouttes.
Fig. 4. Ferme des Gouttes - C - sur le ban d'Exincourt
Le domaine agricole des Gouttes
En 1851, les caractéristiques de la ferme des Gouttes ont été publiées dans l’Annuaire départemental du Doubs ci-dessous :
Nota : Le bois dit de Saint-Aubin fait partie après 1824 et avant 1867 de la ferme aux Gouttes (ban d’Exincourt) à 4 km de Montbéliard (Colletet, 1870). Les domaines agricoles supérieurs à 50 hectares demeurent excep-tionnels dans le Doubs. Et, parmi ceux exploités par les grands propriétaires eux-mêmes, il y a Jean Graber (Gouttes) et de Pierre Graber (Marchelavillers).
In : Annuaire du Doubs pour 1851, comice de Montbéliard, p. 228.
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Tableau 1. Récapitulatif des propriétaires successifs des fermes des Gouttes à partir de 1815 (Voir aussi Appendice 3)
Ferme originelle
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Graber Jean (1786-1862) achat en 1815 -1817 et il construit les trois fermes (Fig. 2, 3, 4)
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A
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B
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C
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Graber Jean (1786-1862)
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Graber Jean (1810-1873)
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Graber Jean (1857-1936)
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Graber Jean (1872-1933)
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Graber Jean (1857-1936)
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Graber Alfred (1904-1985)
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Métille Ariste (1899-1982)
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Métille Ariste (1899-1982)
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Graber Joseph
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Métille Jean (°1930)
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Métille Jean (°1930)
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Ville de Montbéliard
en 2003
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sa fille
(ferme en cours d’expropriation)
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Viard - devenu un gîte avec chambres d’hôtes
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Fig. 5. Ascendance d'Hélène Graber, épouse d’Ariste Métille qui est originaire des environs de Porrentruy, dans le Jura suisse.
Voir aussi Fig. 11. Légende : voir Fig. 12.
2. Joseph Graber (1840-1923) et la race bovine montbéliarde (F-Couthenans)
Si l’histoire de la race montbéliarde est connue, l’identité de ce Joseph Graber n’est jamais indiquée, car chez les Graber, trois prénoms, à savoir Jean, Joseph et Pierre, sont portés par plus de 60 % des hommes - mieux vaut donc préciser afin d’attribuer l’invention de cette race à la bonne personne.
Joseph Graber est né en 1840, et décédé en 1923, à Couthenans (Fig. 6). Il est le fils de Pierre Graber (1791-1849) de Couthenans et de Louise[1] Kraibull (1802-1884) d’Allenjoie. Joseph se marie en 1866 à Belfort avec Catherine Klopfenstein (1842-1910), et trois enfants naîtront : Abel (1867-1967), Anne (1869-1950), et Pierre (1872-1931), dont l’arrière-petit-fils, Thierry Hückel, habite toujours dans la ferme familiale à Couthenans. Comme toute la famille, ils sont anabaptistes (mennonites).
Il est intéressant de noter, de telles données étant trop rares, qu’en 1855, la population de Couthenans se composait de 66 familles et 295 habitants, savoir : 255 protestants de la confession d’Augsbourg (luthériens), plus 8 mennonites et 32 catholiques. Depuis 7 ans, 5 familles ont émigré en Amérique.
Fig. 6. Ascendance de Joseph Graber. Légende : voir Fig. 12.
Selon Thierry Hückel, ce récit est proche de celui que son père lui rapporta en précisant que toute légende contient une part de vérité.
« Jean Graber et Jean Riche ont été invités par le prince de Montbéliard dans son château [Fig. 7]. Quand ils arrivèrent, le prince leur a dit que sa femme voulait avoir douze vaches toutes semblables, venant de Suisse. Ils n’osèrent pas refuser et allèrent en Suisse où ils trouvèrent onze vaches tachetées blanc et noir. Mais ils ne trouvèrent pas une douzième donnant satisfaction. Ils en achetèrent une blanche tachetée de rouge. Elle était beaucoup mieux charpentée que celles tachetées de noir et la ramenèrent avec les autres pour le prince. Quelques jours plus tard, le prince leur demanda quelle récompense ils désiraient. Il leur offrit une ferme en propriété à chacun, mais Jean Riche refusa, alléguant que si une nouvelle période de persécution revenait à l’endroit des anabaptistes, ils seraient tentés d’abandonner leur foi, car ils risqueraient d’être trop attachés à ces biens terrestres. Il leur donna alors un bon salaire en argent pour leur travail. C’est de cette bête blanche et rouge qu’est issue la race montbéliarde. »
Ainsi, l’origine de la race montbéliarde remonte au XVIIIe siècle à Couthenans[5]. Cette race est issue de la race Pie Rouge de l’Europe centrale ; elle est le résultat de croisement entre des vaches suisses Simmenthal et des comtoises Fémeline et Taurache (ces deux dernières races ont été élevées dans la région depuis le XVIIe siècle). Les Graber de Couthenans pratiquaient la transhumance en envoyant leurs vaches passer la belle saison à Clémont (aujourd’hui Montécheroux), une seigneurie dépendant de Montbéliard : le plus haut village du Pays de Montbéliard. Un tombeau Graber est visible au pied de motte féodale (du château de Clémont) (Fig. 1). En effet, dès 1769, Jean Riche, Jean Graber (de Couthenans) et son frère Peter (d’Audincourt) y louaient une ferme appartenant à la famille protestante De Coligny (Fig. 10).
Dans la première moitié du XIXe siècle, malgré les différences, le cheptel bovin des anabaptistes continua à être considéré comme bétail comtois : dans les concours du comice de Montbéliard, les bovins des concurrents anabaptistes étaient classés sous la même rubrique de bétail comtois que ceux de leurs concurrents. En réalité, la délimitation entre Fémeline et Taurache (alors appelée Comtoise) était assez incertaine, les deux races n'étant pas très homogènes et les métis nombreux.
Mais, au milieu du XIXe siècle, la situation change sous l’impulsion de Joseph Graber, un coureur de concours convaincu, ses vaches s’appelaient « race alsacienne » ; d’autres, comme Lugbull, un autre mennonite, utilisaient l’estampille « race franco-suisse ». Mais, après 1870, marquant le retour de l’Alsace dans le Reich allemand, ces dénominations n’étant plus acceptées dans les concours français, le changement de nom était devenu indispensable. C’est en souvenir de l’accueil de leurs ancêtres par Leopold-Eberhard de Wurtemberg (voir Appendice 1), que Joseph Graber donna le nom de « montbéliarde » (ou race de Montbéliard) à ses vaches, une appellation apparue pour la première fois en 1872 lorsque Joseph Graber l’utilisa pour un lot de vaches sélectionnées au concours agricole de Langres (Haute-Marne).
La reconnaissance de cette race sera officielle le 12 décembre 1889 avec son Herd-Book (= registre généalogique), grâce à l'action conjuguée des éleveurs et des notables de la région de Montbéliard, et après avoir été participée à l’Exposition Universelle de Paris en mai-octobre de la même année. Cette reconnaissance fut l’œuvre d’une équipe très active, comprenant notamment le vétérinaire Jules Bouland, le président du comice agricole de Montbéliard Gustave Cuvier, l’inspecteur général de l’Agriculture Léon Vassilière et du député de Montbéliard et ministre de l'Agriculture en 1889 Jules Viette, originaire de Blamont.
Un peu plus tard, un descendant de Joseph Graber gagne le grand prix d’élevage de la race à l’exposition universelle de Paris en 1900.
Et, un siècle après, la race Montbéliarde constitue la quasi-totalité de la population bovine de Franche-Comté. Aujourd’hui, cette race est un des fleurons de l'élevage française, exportée dans le monde entier. Son poids dans l'économie franc-comtoise est considérable, car elle est à la base du revenu des exploitations agricoles de cette région.
La Montbéliarde est une race de grande taille, à robe pie rouge, le blanc s’étendant à la partie inférieure du corps et aux extrémités, le rouge de couleur franche et vive, prédominant à la partie supérieure du corps. Le poids moyen des femelles adultes se situe aux environs de 650 à 800 kg, celui des taureaux de 1000 à 1200 kg. La Montbéliarde a de remarquables qualités laitières: plus de 6000 kg de lait par an. Son lait sert à fabriquer le gruyère français, le comté et le vacherin du Haut Doubs.
Remerciements : Mes plus chaleureux remerciements à Jean Métille pour son accueil et ses données familiales [lire Nota en fin d'article], à Lina Hirschy, à Jean François Lorentz pour son aide dans la difficile généalogie Graber.
Annuaire départemental du Doubs pour 1851, 39e année. D’Outhenin Chalandre, Besançon, 510 p.
Archives de Besançon, collection Duvernoy n° 47
Archives de Haute-Saône, E. 320, 365, 486
Archives de Montbéliard, H. H. 1
Bailly Briet J.-B., 1789. Le Comté de Montbéliard agrandi et enrichi au préjudice de la Franche-Comté par l'échange conclu le 21 mai 1786 entre le Roi et M. le Duc de Wirtemberg. 554 p.
Boichard J., 1977. L'élevage bovin: Ses structures et ses produits en Franche-Comté. Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté, Série Cahiers de Géographie, Besançon, 536 p.
Colletet G., 1870. Vie de Guy du Faur de Pibrac. Revue de Gascogne, 11, 56-72.
Durot G. D., 1855. Notice historique, ecclésiastique et statistique sur la paroisse de Couthenans. Compilation des deux notices archivées sous les cotes COU 1 et COU2 (Inspection) aux Archives Municipales de Montbéliardfaite par Danièle Dufourt en juin 2010, relue et corrigée par Jean Hennequin. 24p. [Nota : Georges David Durot (1803-1871) a été pasteur de la paroisse de Couthenans-Luze de 1830 à 1871]
Emig C. C., 2013. Descendants d'Anna Schürch en Franche-Comté et en Alsace. Nouveaux eCrits Scientifiques, 01-2013, 47 p. http://paleopolis.rediris.es/NeCs/NeCs_01-2013 [en ligne].
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Götz Lichdi D., 2012. Les mennonites en France. In : Foi et tradition à l’épreuve, chap. 6, p. 187-193 (368 p.).
Grandidier P. A., 1867. Anabaptistes [extraits des manuscrits inédits de P. A. Grandidier]. Revue d’Alsace, 1867, p. 208-221.
Groupement d'échanges et d'études hommes et terroirs, 2004. Fermes et familles anabaptistes au Clos du Doubs. GHETE Au Clos du Doubs, 103 p.
Hückel J. & Bourgenot-Golaz A. (1985). Quelques notes sur la famille anabaptiste Graber et le Pays de Montbéliard. Jura français, 188, 14-17.
Hückel J., 1991. Les anabaptistes et Joseph Graber créent la Montbéliarde. Souvenance anabaptiste, 10, 98-103.1
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Lorentz J. F., 2014. Graber. Site Lorentz sur Geneanet, http://gw.geneanet.org/lorentz?lang=fr&m=NG&fn=&sn=graber&v=. Consulté le 29 juin 2014.
Lovy R. J., 1977. Les cinq villages des bois et la Révolution française. Concordia, Nanteuil-les-Meaux, 2 vol., 921 p.
Mathiot C. & R. Boigeol, 1969. Recherches historiques sur les anabaptistes: de l'ancienne principauté de Montbéliard, d'Alsace et du territoire de Belfort. Essais sur l'histoire du protestantisme français, Collection spéciale: CER, Éd. Le Phare, vol. 5, 479 p.
Mayaud J. L., 1986. Les secondes républiques du Doubs. Annales littéraires de l'Université de Besançon. Les belles lettres, Paris. 141 p.
Résener P. de, 1892. Abrégé de l'histoire du pays de Montbéliard, depuis les temps primitifs jusqu'à sa réunion à la France en 1793. Pétermann, Montbéliard, 276 p.
Racine-Braud A., 1872. Tablettes historiques du protestantisme français contenant une statistique générale. Grassart, Paris, 399 p. https://archive.org/stream/tabletteshistor00racigoog#page/n4/mode/2up.
Scherb W., 1981. Die politischen Beziehungen der Grafschaft Mömpelgard zu Württemberg von 1723 bis zur Französischen Revolution. Thesis Lett., Uni. Tübingen, 320 p.
Séguy J., 1969. Religion et réussite agricole. La vie professionnelle des Anabaptistes français du XVIIe au XIXe siècle. Archives des Sciences sociales des Religions, 8 (28), 93-13.
Séguy J., 1977. Les assemblées anabaptistes-mennonites de France. Collection Sociétés, mouvements sociaux et idéologies. Études, 17, 904 p.
Tournier C., 1894. Le catholicisme et le protestantisme dans le pays de Montbéliard (1894). Jacquin, Besançon, 492 p. http://archive.org/details/lecatholicismee01tourgoog
Appendice 1
A l'époque des Graber, les comtes de Montbéliard et duc de Wurtemberg (protestants) appartenaient :
- à la principauté de Württemberg-Mömpelgard (Wurtemberg-Montbéliard)
- 1699-1723 : Léopold-Eberhard de Wurtemberg
- à la principauté de Württemberg (Wurtemberg)
- 1723-1733 : Eberhard-Louis de Wurtemberg
- 1723-1737 : Karl-Alexander de Wurtemberg
- 1744-1793 : Carl Eugen von Württemberg, épouse Élisabeth de Brandebourg-Bayreuth (1732-1780) - le souverain qui demanda à Hans Graber (1732-1810) les 12 vaches pour son épouse, à moins que cela ne fut à son père Johann Graber (1707- 1779.
Fig. 7. Portrait de Carl Eugen von Württemberg et les armoiries du Duc.
Plus sur Joseph Graber... quelques extraits de la lettre datée du 5 août 1889, qu'il a écrite et signée (Fig. 8) au Grand Chancelier de la Légion d'Honneur et contenant la liste des "pièces nécessaires à la délivrance du brevet de Chevalier de la Légion d'Honneur" :
... depuis son début en 1865 sur le même domaine que ses ancêtres possèdent depuis 1646 [il faut probablement rectifier en 1746 [6]].
... Membre du comice agricole de Lure depuis 24 ans ; délégué de ce comice pour le canton d'Héricourt depuis 14 ans ; vice-président depuis avril 1889.
... Membre du conseil municipal de la commune de Couthenans depuis 13 ans.
Fig. 8. La signature de Joseph Graber
Connu pour être un coureur de concours, son palmarès le confirme : 180 prix obtenus, dont 79 premiers prix. Il était fier de ceux reçus au concours de l'Exposition Universelle de Paris de 1889 (celle de la Tour Eiffel !) : 5 premiers prix, 3 deuxièmes, 4 troisièmes et quatrièmes.
Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, par décret du 31 juillet 1889, qui lui fut remise le 8 septembre 1889 à Héricourt par Boigeol Charles Adolphe, colonel d'artillerie en retraite. Il avait déjà été décoré du Mérite Agricole (chevalier : 6 juillet 1884 ; officier : 3 mai 1889).
Des Liens :
Les ascendances des derniers propriétaires Graber et descendants des fermes des Gouttes montrent la complexité des liens familiaux au sein de la Famille Graber qui sont tous descendants de Peter Graber (1681-1727) (Fig. 5, 10-12 ; légende : Fig. 12).
Rappelons que toutes ces familles sont ou étaient mennonites : quelques informations sur leur église d'après Racine-Braud (1872) - voir facsimilé ci-contre Fig. 9.
En 177, la ferme des Gouttes est aménagée en lieu de culte ; malheureusement, la chapelle sise à côté de la ferme du haut (A) sera rasée après l'achat de la ferme par la ville de Montbéliard (Tableau 1).
Grâce à la citoyenneté qui leur fut accordée lors de la Révolution française, des familles mennonites, les plus riches, parmi lesquels des Graber, sont en mesure d’investir dans des propriétés dès le début du XIXe siècle. A la même époque, ils ont aussi adopté la langue française. Néanmoins les cultes restaient en allemand. Finalement le catéchisme fut traduit en français (Séguy, 1977 ; Götz Lichdi, 2012).
Fig. 9. Facsimilé d'un extrait du livre de Racine-Braud (1872).
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Fig. 10. Ascendance de Jean Graber et d’Anne Graber. Légende :voir Fig. 12.
Fig. 11. Ascendance de Jean Métille. Légende : voir Fig. 12.
Fig. 12. Ascendance d’Alfred Graber. Légende pour les Fig. 10-12.
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Notes :
[1] aussi nommée Lisa ou Lisele, ce qui a conduit à penser que son prénom était Elisabeth, notamment comme mère de ses deux derniers enfants, dont Joseph, qui est le dernier des quatre enfants ; Louise, Christ, Pierre le précèdent, tous nés et décédés à Couthenans.
[2] Deux définitions pour ce mot dérivé de chef dans la langue française : 1. Organisation politique de la société traditionnelle, à base familiale ou clanique, construite autour du chef ; 2. Circonscription territoriale placée sous les ordres d'un officier du génie ou d'un inspecteur des eaux et forêts (à partir de 1845).
[3] Ses grand-parents maternels sont Jacob Lichty (1735-1804) et Barbara Roth (1740-1797), qui se sont mariés aux Gouttes en 1759, elle est la fille de Roth Ulrich (1692-1758), apparenté aux Frey-Schürch.
[4] Il s'agit probablement des propriétaires Jean Graber (1857-1936) et son Èpouse Anne, nÈe Graber (1854-1921) (Tableau 1, Fig. 11).
[5] Pour les fermiers anabaptistes à leur arrivée en pays de Montbéliard au XVIIIe siècle, un des premiers changements agricoles fut d'introduire des vaches et des taureaux des montagnes du canton de Berne (notamment du Simmental) pour leurs élevages. Et les paysans locaux, leurs voisins, profitant de ces taureaux pour faire saillir leurs vaches, on a vu changer les bêtes à cornes au point que le bétail Pie Rouge est d’un tiers ou d’un quart plus gros qu’avant l’arrivée des anabaptistes.
[6] À partir du début du XIXe siècle, et forts d’une aisance financière réputée, les anabaptistes, dont les Graber, deviennent propriétaires-exploitants. Car, à la Révolution française, les anabaptistes, devenus citoyens français, peuvent enfin jouir d'une existence légale et donc devenir propriétaires. C'est Peter Graber (1761-1840) qui a acheté de la ferme à Couthenans (Carte Google), dont il était fermier : on peut penser entre 1806 et 1807, car, selon l'acte de naissance de sa fille Marie (née 9.2.1806), il est mentionné comme "cultivateur fermier", ainsi que pour les actes antérieurs, mais en 1807 pour le mariage en novembre de son aîné Jean, avec Catherine Richard, il est cultivateur. Ce dernier couple va ensuite acheter la ferme des Gouttes à Montbéliard.
NOTA
La rencontre aussi fortuite que surprenante avec Jean Métille est à l’origine de ce travail : elle mérite ces quelques lignes.
Fin août 2012, lors de la « montée » en Alsace pour un séjour dans ma famille proche, je décide d’aller voir une ferme nommée des Gouttes (près de Montbéliard) où Anna Schürch (1679-1742) de l’Emmental (Suisse), une descendante de la lignée de ma grand-mère maternelle Martha Schürch, s’était installée en fermage avec son époux Ulrich Frey (1684-1763) et leurs descendants, tous des Täufer (mennonites). Avant de partir, j’avais trouvé une ferme nommée des Gouttes à Exincourt (sise rue J. Foillet aujourd’hui la ferme C à quelques centaines de mètres de la sortie 8 de l’autoroute) et j’avais avisé les propriétaires de mon souhait de pouvoir les rencontrer. Arrivant vers 14h, je trouve porte close ! Au moment de poursuivre mon chemin, je me suis dit qu’il y a peut-être d’autres fermes… et découvre les deux autres fermes. Sortant de la voiture à côté de la ferme B avec mon appareil photographique, je vois un grand monsieur aux cheveux grisonnants sortir de la maison voisine et venir vers moi. Une voiture immatriculée 13 est forcément suspecte dans ce coin de quiétude ! Je lui explique mes recherches et leur but je venais de faire connaissance avec… Jean Métille. Ce fut la naissance d’une amitié qui commença autour d’un verre chez lui avec son épouse Berthilde. Sur leur conseil, je suis allé voir ensuite leur voisine d’en face, Lina Hirschy qui a bien complété l’histoire de la ferme du Haut (A). |
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Emig C. C., 2014. Généalogie Graber en Franche-Comté. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2014, p. 1-15.
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