Des fossiles rapportés à des phoronidiens

 

Ni Diorygma ni Eodiorygma ne sont des phoronidiens **

by Christian C. Emig

    Le fossile Diorygma 1 Biernat, 1961 constitue une protubérance tubulaire formée par un dépôt autour d'un organisme vermiforme par la couche secondaire sécrétée par le manteau du brachiopode atrypide Desquamatia subzonata Biernat, 1961. Bien qu'interprétée initialement comme résultant de parasites perforant à travers l'extérieur de la coque (Biernat, 1961), les relations entre le Desquamatia Biernat, 1961 et Diorygma Biernat, 1961 ont été réinterprétés comme étant le fait d'un hôte spécifique, suggérant que Diorygma était probablement un phoronidien vivant dans le manteau du brachiopode et lui-même filtreur comme son hôte (MacKinnon & Biernat, 1970).

Figure de Biernat (1961) >>

    Chaque protubérance de Diorygma comporte dans deux tubes contigus, mais séparés, interprété par MacKinnon et Biernat (1970) comme étant occupés par la branche orale et la branche anale du tube digestif en U de phoronidiens: en fait, une telle reconstruction n'a jamais été décrite, car elle est anatomiquement impossible selon la métamorphose des larves actinotroques des phoronidiens (voir Emig, 1982 et références).Ainsi, si elle devait être valide, ce qui reste à démontrer, la reconstruction de MacKinnon & Biernat (1970) apparaît comme une nouveauté anatomique fondamentale. Bassett et al. (2004) écrivent aussi une relation de phoronidiens avec une structure similaire Eodiorygma Bassett, Popov et Holmer, 2004: “in some groups are protected distally around the lophophore by a pair of collar folds (Emig, 1979)” mais il s'agit d'une interprétation erronée invagination de l'unique lieu dans Phoronopsis initialement décrit par Gilchist (1907) - voir Taxonomy.

    Probablement, la plupart des auteurs, peut-être tous, utilisant comme exemple les Phoronida, n'en ont jamais vu un individu vivant. La reconstruction proposée par MacKinnon & Biernat (1970) représente un lophophore en deux parties, les spirales semblent anales et les tentacules au niveau de la bouche ventraux. En plus le lophophore comprend une double rangée de tentacules qui est faux parce que le lophophore de tous lophophorates (Phoronida, Bryozoa et Brachiopoda) n'a qu'une et une seule rangée de tentacules. Ces deux interprétations ne correspondent pas à la morphologie et à l'anatomie des Phoronida. En outre, le schéma de cette reconstruction ne semble pas tenir compte des sections longitudinales publiées précédemment par Biernat (1961).

Figure de MacKinnon & Biernat (1970) >>

    Si certaines espèces de phoronidiens sont perforantes ou encroûtantes dans ou sur des substrats durs, leur tube comme celui des espèces vivant dans les substrats meubles est chitineux et couvert de diverses particules détritiques (voir Emig, 1973, 1982; Pourreau, 1979).
    Il faut rappeler à nouveau que faire référence et plus déterminer des tubes d'un phoronidien fossile est très difficile, sinon impossible. Une conséquence est que l'origine géologique des Phoronida reste inconnue, peut-être avant le Cambrien.

    Le web site Phoronida fournit réponse à toutes les questions sur ce groupe zoologique, avec bibliographie exhaustive, année par année, et pour chaque espèce, adulte et larve actinotroque, ainsi que des photographies de la plupart des espèces.

    Cependant, il existe, au moins parmi les groupes marins récents, plusieurs organismes capables de créer de telles traces à double ouverture comme figuré pour les fossiles Eodiorygma et Diorygma. Par ailleurs, s'il est possible qu'il s'agisse d'un suspensivore, un appareil tentaculaire n'est pas nécessaire pour expliquer une présence dans des coquilles de brachiopodes. Les suspensivores ou sestonophages exigent soit une forte densité de particules organiques en suspension, soit un apport suffisant par un courant. On peut les classer grossièrement en deux grandes catégories: 1. les espèces qui exploitent les mouvements de l'eau, c'est-à-dire, qui sont incapables de générer leur propre courant d'eau ; 2. les espèces qui produisent activement leur propre courant (Pérès, 1982). Ainsi, les mécanismes d'alimentation possibles pour ces deux catégories sont nombreux et existent dans beaucoup de groupes zoologiques marins.

1 Diorygma est aussi un genre de lichens de la famille des Graphidaceae.


 

** Publié dans : Emig C. C., 2010. Fossil Phoronida and their inferred ichnotaxa. Carnets de Géologie / Notebooks on Geology, Letter 2010/03 (CG2010_L03), 5 p., 4 fig.    

 

Références sur les phoronidiens fossiles