Phoronida : noms vernaculaire et noms communs

Références en bas de page

 

Définitions (TLFi) et Règles (CINZ)

Les définitions dans le dictionnaire "Trésor de la langue française informatisé" (TLFi, 2017) :

  • Nom vernaculaire : sc. nat. Nom vulgaire d'animal ou de végétal, par opposition aux noms qui suivent les règles de la nomenclature scientifique..

  • Nom commun (p. oppos. à nom propre) : Nom qui convient à plusieurs êtres ou choses formant un genre, une espèce.

Puis, les règles du "Code international de Nomenclature Zoologique" (CIZN, 1999) qui s’appliquent à toutes les espèces et genre animaux, extraits ci-dessous :

  • 1.3. Exclusions. Sont exclus des dispositions du Code les noms proposés
    • 1.3.5. comme des désignations provisoire et non pour un usage taxinomique formel en tant que noms scientifiques en nomenclature zoologique;

  • Recommandation 11A. Utilisation de noms vernaculaires. Un nom vernaculaire ne devrait pas être employé comme nom scientifique sans être modifié, de préférence par une latinisation appropriée.
    (Note: concerne le cas où une nouvelle espèce serait nommé d'après le nom vernaculaire)

  • 12.3. Exclusions. La mention d'un nom vernaculaire, d'une localité, d'un horizon géologique, d'un hôte, d'une étiquette, ou d'un spécimen, ne constitue pas en soi une description, une définition ou une indication.

Commentaires et remarques :

Si ces impératifs sont respectés dans les sites WEB gérés par des scientifiques, ils sont trop souvent méconnus par les sites grand public, mêmes à finalité scientifique. On peut ainsi avoir des dérives au point d’introduire des confusions, des d’erreurs, voire des inepties scientifiques, qui vont se diffuser par l’usage du copier-coller (sans vérification de la validité des données).

Dans la faune marine en particulier, noms vernaculaires et noms communs ne sont généralement donnés qu’à des animaux comestibles ou commercialisés, dont un certain nombre sont aujourd’hui protégés. Ces deux catégories de noms sont d’un usage populaire. Aussi, la très grande majorité des invertébrés marins ne porte aucun de ces deux noms, ils sont donc à nommer exclusivement avec leur nom latin de genre + espèce.

Il est important de noter, comme le souligne l’article 1.2.3. du Code (voir ci-dessus), que ces deux catégories de noms

  • peuvent varier selon les régions, voire les localités, et bien-sûr les pays ;
  • le même nom peut correspondre à des espèces distinctes selon leur distribution locale ou régionale ;
  • des noms distincts peuvent correspondre à la même espèce.

Un certain nombre de noms communs ont été créés et sont utilisés par les scientifiques, mais ils restent associés au genre, famille, ordre, classe ou embranchement, jamais à une espèce. Dans ces cas, les noms latins sont traduits dans la langue du pays – ils sont par ex. francisés, anglicisés, germanisés, etc. Nous en utilisons tous dans nos conversations quotidiennes.
Néanmoins, l'usage des noms vernaculaires et communs ne peut que se restreindre à l'aire d'utilisation, à la langue utilisée (n'oublions pas les langues et dialectes régionaux, et pas seulement en France !) : il est distinct de celui des noms scientifiques (en latin) qui ont une portée universelle. Il ne peut donc y avoir de traduction de tels noms à usage populaire dans une autre langue.

Ceci met en évidence les confusions possibles quand on veut associer un nom scientifique avec l’un ou l’autre de ces noms. Il n'y a pas de normalisation de correspondance entre le nom vernaculaire et le nom scientifique.

En conséquence, une fiche scientifique sur une espèce ne devra contenir ni nom vernaculaire, ni nom commun afin d’éviter toute fausse interprétation. Ce point est à souligner fortement, car avec le développement de sites WEB grand public la tendance est forte de « populariser » des espèces, alors que l’identification, faut-il le rappeler, ne peut se faire qu’à partir de diagnose scientifique et s’exprimer obligatoirement sous un nom latin (un nom vernaculaire ne peut et ne doit jamais servir pour identifier une espèce). Une photo n’est jamais une représentation suffisante d’un animal pour pouvoir l’identifier. Les connaissances scientifiques souvent évoluent plus vite que les mises à jour des sites WEB, entraînant l'obligation de celui ou celle qui veut déterminer un animal de rechercher les données les plus récentes et aux webmestres de d'offrir des mises à jour constantes à leurs lecteurs.

En revanche, créer une fiche sur un nom vernaculaire ou commun, il en existe sur le WEB, demande une bonne connaissance encyclopédique de la linguistique, des us et coutumes de la ou des populations les utilisant et scientifique excellente. En effet, au cours des siècles, nombre de taxons scientifiques ont changé de place dans la classification : aussi, un nom dans un travail ou livre ancien peut ne plus correspondre à son usage actuel. En science, les exemples sont nombreux.


Phoronida

Seul l’embranchement dispose d’un nom commun ou d’un nom vernaculaire selon les pays, à l’exclusion des genres et espèces. Rappelons que la classification hiérarchique passe de l’embranchement directement au genre Phoronis et Phoronopsis  – (donc pas de nom de famille).
Le nom Phoronida a été donné par Hatscheck en 1888, en le réunissant dans les Tentaculata avec les brachiopodes et les bryozoaires. En français, on utilise phoronidien, directement francisé de Phoronida. En d'autres langues, il y a des noms communs ou vernaculaire selon les pays, citons : horseshoe worm, phoronid (anglais), foronidei (italien), foronídeo (espagnol), Hufeisenwurm, Phoronide (allemand), Hoefijzerworm (néerlandais), phoronida (portuguais).

Rappelons que contrairement à ce qui peut souvent se lire, le nom Phoronis est l’un des nombreux épithètes de la déesse égyptienne Isis, comme le mention Wright (1856) en créant ce genre. C’est donc un nom au féminin (voir aussi Selys-Lonchamps, 1907).

En 1865, Quatrefages francise le nom Phoronis en la « Phoronie », un nom que ne sera point utilisé, car on lui préféra le terme Phoronis. La larve des Phoronida est nommée Actinotrocha, francisée en actinotroque (voir Selys-Longchamps, 1907).


Références

TLFi - Trésor de la langue Française informatisé (ATILF - CNRS & Université de Lorraine). http://atilf.atilf.fr/, consulté en 2017.

CINZ - Code International de Nomenclature Zoologique (1999). http://iczn.org/, consulté en 2017.

Hatschek B., 1888. Lehrbuch der Zoologie : eine morphologische Übersicht des Thierreiches zur Einführung in das Studium dieser Wissenschaft. Fischer, Jena, 1e édition, Vol. 2.

Quatrefages A. de, 1865. Histoire naturelle des Annelés marins et d'eau douce (Annélides et Géphyriens). Tome 2, 2e partie.

Selys-Longchamps M. de, 1907. Phoronis. Fauna und Flora Neapel, Friedländer, Berlin, Monographie 30, 1-280.

Wright T. S., 1856. Description of two tubicolar animals. Proceedings of the Royal  Physical Society of Edinburgh, 1, 165-167.

Voir aussi : "nom vernaculaire ou nom commun" dans Wikipedia.

Il est intéressant de lire la page de Wikipedia sur les "common names" en biologie (en anglais), bien plus étoffé que la page en français.


Jean de La Fontaine (1621-1695) écrivait dans la fable "Le Cochet le Chat et le Souriceau" (Livre VI, Fable 5) :
Garde-toi, tant que tu vivras,
De juger les gens sur la mine.