Odin
G.S., 1988. Green marine clays; oolitic ironstone facies, verdine facies, glaucony facies and celadonite-bearing rock facies, a comparative study. Developments in Sedimentology, 45, Elsevier Publ. Amsterdam, XXIII + 445 pp. (Argiles marines vertes; faciès minerais de fer oolithique, faciès verdine, faciès glauconie et faciès de roche à céladonite, une étude comparée) |
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SOMMAIRE:
La glauconie se forme sur l'ensemble des plates-formes marines non polaires
entre -100 et -400 m. La verdine se forme entre 0 et 50 m dans la zone
intertropicale où elle avait toujours été confondue,
avant ce travail, soit avec la glauconie, soit avec les composés
des minerais de fer oolithiques (berthiérine, chamosite). La
céladonite se forme dans les roches volcaniques sous marines.
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Référence
200:
Odin
G.S., 1988.
Green marine clays; oolitic ironstone facies, verdine facies, glaucony facies
and celadonite-bearing rock facies, a comparative study.
Developments in Sedimentology, 45, Elsevier Publ. Amsterdam, XXIII + 445
pp.
Préface G. Millot
PLAN
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V |
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VII
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XV XIX |
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1
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Part A THE OOLITIC IRONSTONE FACIES | |
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5
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7
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29
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Part B THE VERDINE FACIES | |
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53
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57
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83
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105
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159
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205
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Part C THE GLAUCONY FACIES | |
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221
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225
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249
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277
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295
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Part D THE CELADONITE-BEARING FACIES | |
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333
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337
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Conclusion to the study of green marine clays |
399
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405
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407
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419
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441
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443
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Nous devons
toujours être reconnaissants aux scientifiques qui prennent le temps
d'écrire un livre. En fait, le présent livre n'est ni un manuel
ni une fresque pour le grand public, mais un traité;
ce qui nécessite un travail beaucoup plus considérable. Et ce
traité fait réfléchir.
J'ai retenu quelques thèmes de réflexion.
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La couleur
Ce livre étudie les argiles marines vertes. La couleur est leur apparence, mais quelle est leur nature? Voici un demi-siècle, les géologues ignoraient la nature des roches argileuses: ils distinguaient les argiles grises, bleues, noires, rouges, bari- olées... Ils commencèrent alors l'inventaire minéralogique de leurs constituants: seuls ou en mélanges, une vingtaine d'espèces furent inventoriées, ainsi que leurs interstratifiés. Il en fut de même pour les glauconies en grains, connues depuis longtemps. Puis on détermina que le constituant principal était la glauconite, variété fine de mica ou illite verte, riche en fer ferrique; la céladonite des altérations de basaltes fut confondue avec la glauconite. Peu à peu, une systématique rigoureuse de ces minéraux verts s'est enrichie. Le présent traité nous donne l'état actuel de cet inventaire. Et nous voyons venir au moins cinq espèces, la smectite glauconi- tique, la glauconite et la céladonite, aujourd'hui distinguées, la phyllite V à 7 Å et la phyllite V à 14 Å du faciès verdine. A ces pôles s'ajoute la population des interstratifiés. Enfin, sont traitées avec précision deux espèces diagénétiques et ferreuses: la berthiérine et la chamosite.
Pour
un minéral, la couleur est une apparence. Sa structure révèle
sa nature. Les couleurs peuvent "converger" comme l'oiseau et la
chauve-souris convergent dans leur apparence. Au contraire, la structure est
propre à une espèce: elle est une signature génétique.
Faciès et minéral
Ce livre insiste sur une distinction très importante: il sépare catégoriquement faciès et minéral. On avait montré voici 30 ans que les "glauconitic pellets", bien reconnaissables comme faciès, pouvaient contenir toute une variété de minéraux. C'est pourquoi, il a été proposé de distinguer le faciès sous le nom de glauconie et le minéral type sous le nom de glauconite. C'est la même exigence qui impose de distinguer dolomie et dolomite, calcaire et calcite. Ce traité démontre la grande importance géologique de cette distinction, mais aussi son importance pratique en géochronologie. En effet, plus l'échantillon, analysé en spectrométrie de masse, sera riche en un minéral authigénique et très potassique, la glauconite, plus les déterminations isotopiques seront significatives et fidèles, et non pas erratiques. La même distinction "catégorique" est menée pour le faciès verdine. Et ce faciès présente deux espèces principales singulières: une phyllite V à 7 Å qui est une kaolinite ou serpentine très ferrique, et une phyllite V à 14 Å, qui est une chlorite très ferrique. Leurs caractères cristallographiques s'accumulent en vue d'une reconnaissance par le Comité international de nomenclature.
Faciès géologiques et espèces minéralogiques sont, tous deux et également, importants à connaître pour reconstituer les conditions de genèse. Le faciès indique l'environnement avec ses particules en mouvement, les conditions de dépôt, les traces de la vie. La paragenèse minérale dépend de la composition des solutions qui ont cristallisé ou recristallisé.
La
différence entre faciès et minéral est celle de deux
échelles d'observation.
De plus, la première est biogéodynamique, la seconde est géochimique.
Les minéraux argileux interstratifiés
Les minéraux argileux ont "inventé" un type d'organisation particulier, qui est celui des minéraux interstratifiés. Ce sont des édifices où alternent dans un même cristal des feuillets ou parties de feuillets de natures différentes. Cette invention est précieuse. En effet, le caractère propre du monde minéral est discontinu. Au contraire, les solutions et les magmas fondus présentent la suite continue des mélanges en toutes proportions. C'est pourquoi, quand les magmas et les solutions cristallisent, ils donnent un mélange de minéraux différents: ce sont les roches et les minerais. A la suite continue des magmas et des solutions, correspond une réponse discontinue par le mélange de minéraux différents en proportions différentes. Il en est de même pour les argiles, mais elles sont plus souples pour deux raisons. D'abord, elles sont plus tolérantes aux substitutions stchiométriques. Ensuite, elles peuvent donner des cristaux mixtes, interstratifiés réguliers ou irréguliers, où alternent des feuillets de minéraux argileux différents. Le présent traité illustre cette propriété des argiles: on peut citer l'interstratifié (7Å-14Å) ou le composé nommé phyllite C (interstratifié smectite-chlorite) tous deux propres au faciès verdine et l'interstratifié (smectite-glauconite) dans le faciès glauconie. Cette capacité de s'organiser en édifices mixtes (mixed-layers) ou interstratifiés est très intéressante. Elle donne une grande souplesse dans la cristallisation des microcristallites argileux, en fonction de la variation infinie des solutions naturelles. De même, dans les recristallisations successives d'un matériel antérieur, des étapes intermédiaires sont reconnaissables.
A la variété continue des milieux de genèse peuvent répondre en mélange ou bien les minéraux argileux types, ou bien leurs minéraux interstratifiés. Ces derniers jouent le rôle des diphtongues dans une langue, ou des dièzes et bémols dans une mélodie.
Microenvironnement et néoformations
Les premiers travaux sur les relations entre milieux de genèse et argiles sédimentaires n'avaient pas un grand "pouvoir séparateur". On évoquait les milieux marins, sursalés, lacustres... Aujourd'hui, et ce traité en donne un bel exemple, le progrès de toutes les microscopies (optique, électroniques...) couplé avec les progrès de la systématique des minéraux argileux permet de distinguer des microenvironnements. On comprend que le micromilieu qui se trouve au coeur d'un grain ou d'un pellet présente des caractères physicochimiques et biochimiques différents de ceux de l'eau de mer où circulent les crabes et les turbots. Et ceci est de grande conséquence. En effet, la plupart des modèles thermodynamiques disponibles nous donnent les conditions d'équilibre "minéraux-solutions", en solution diluée, où l'activité de l'eau est considérée comme égale à l'unité. Or, les travaux récents nous montrent que dans les petits pores, une partie de l'eau est liée aux parois et l'activité de l'eau baisse: la précipitation d'un grand nombre d'espèces minérales en est facilitée et leurs domaines de stabilité changés. Ces précipitations diminuent encore le diamètre des pores et l'activité de l'eau baisse encore. Ainsi les milieux microporeux, par rapport aux milieux environnants où l'eau est libre, vont fonctionner comme "puits" et favoriser les minéralisations. Ceci s'effectuera avec ou sans dissolution des parois, ce qui correspond à deux mécanismes distingués dans ce livre: cristallisation dans les microvides ou cristallisation avec contribution des minéraux de la roche. Aux extrêmes, on se trouve devant la néocristallisation ou devant la recristallisation; on comprend les cas intermédiaires.
La
notion de microenvironnement, largement utilisée dans le présent
traité, est très importante: elle permet d'envisager des microsites
avec leurs micromilieux différents.
Et ces microsites sont autant de "pièges" pour les cations
environnants alimentant la croissance de cristaux différents.
Variété des minéraux et milieux de genèse
Grâce à une systématique raffinée des "Argiles marines vertes", grâce à l'observation distincte des faciès et des minéraux, grâce à l'examen minutieux des microenvironnements, ce traité présente une discussion serrée sur les relations entre les minéraux argileux verts et les milieux de genèse. De cette façon, ce livre est un livre de géologie aussi bien que de minéralogie. En effet, son but ultime est de comprendre l'origine et l'histoire de ces minéraux, histoire qui s'éclaire aujourd'hui de façon décisive, parce que l'étude géologique des faciès et l'étude minéralogique des constituants sont menées toutes les deux de façon approfondie.
Et puis, après la sédimentation et la diagenèse précoce qui se produit dans les vases, vient la diagenèse d'enfouissement. Là, les contraintes thermodynamiques augmentent, et les minéraux recristallisent. Les trois termes de ma règle d'or augmentent en même temps: ordre, pureté, taille. L'ordre est caractérisé par la cristallinité. Parce que chaque minéral tend vers un minimum d'énergie interne, les ions étrangers sont chassés dans le minéral voisin, et "la pureté", comme l'ordre, augmente. Enfin, parce que l'ordre et la pureté augmentent, la taille des minéraux augmente. On parvient aux minéraux de la diagenèse, puis du métamorphisme. L'étude comparée des "ironstone facies" à chamosite et berthiérine et des "verdine facies" est très suggestive d'une diagenèse d'enfouissement.
Quand l'alpiniste quitte la vallée et s'élève sur les versants puis sur les hauteurs de la montagne, il voit la végétation changer: changement des caractères d'une espèce, passage à des sous-espèces puis des espèces différentes, puis très différentes. La flore change avec l'environnement. Il en est de même ici pour les milieux sédimentaires.
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* *
Depuis un demi-siècle, j'ai été le témoin de l'aurore, puis des progrès de la "Géologie des Argiles". Plus généralement, au cours de ce long voyage, j'ai été admiratif des renouveaux des connaissances en "Géochimie de la Surface de la Terre". C'est un honneur pour moi de présenter ce livre sur les "Argiles marines vertes". J'en remercie les auteurs et le principal d'entre eux, Monsieur G.S. Odin et ceci pour deux raisons. D'abord parce que ce livre nous éclaire de lumières nouvelles sur un vieux problème: ceci est très utile pour sortir de la confusion. Mais aussi et surtout parce qu'il nous fait réfléchir sur les équilibres délicats qui, dans les micromilieux des sédiments marins, nous conduisent à des néoformations minérales par croissance des cristaux. Faciès et minéral: une nouvelle fois, il existe une relation entre la composition et le milieu de genèse des roches argileuses.
Ce traité est un exemple significatif de la méthode à suivre, en Sciences de la Terre: combiner les arguments géologiques et géométriques et les arguments minéralogiques et géochimiques. Ces deux familles d'arguments doivent être combinées de façon entrelacée, come serpenti in amore.
Strasbourg,
au jour du printemps
le 21 Mars 1988
GEORGES MILLOT
Membre de l'Institut
About twenty years ago, the studies of the present editor were mostly devoted to glauconitic sediments. To obtain a better understanding of the conditions and process of genesis of the facies (glauconitization) before diagenetical alteration, particular attention was paid to the unburied sediments lying on the continental shelves of present oceans (Odin, 1975, Thesis).
In the course of that study, it became clear that some green grains were formed of authigenic clay minerals, with a dominant X-ray diffraction peak at 7 Å (Odin, 1985). This sort of 7 Å clay mineral is known from pre- Quaternary series e.g., oolitic ironstones.However, substancially different environmental or mineralogical characteristics have been observed for the following three facies namely
1) glaucony, the most frequent ancient and recent marine facies characterized by the formation of green clay minerals at comparatively high depth;
2) verdine, the facies encountered in recent sediments at shallow depth; and
3) oolitic ironstone, the facies described from shallow depth pre-Quaternary sediments. The three facies correspond to three specific combinations of different green clay minerals with particular habits, and therefore, must be identified using specific names.Incidentally, amongst the diverse aspects of the study of the glaucony facies, one was the use of crushed green grains for paint pigments during Roman times and later (Odin, Delamare, 1986). However, detailed studies of the green pigment of wall paintings showed that the main natural pigment used was a celadonitic clay mineral (a green clay found in volcanic rocks). The search for the possible geographical source of the green pigment led to a study of the celadonite-bearing facies, which showed sufficient points in common with the glaucony facies to allow a fruitful comparison from an environmental point of view.
The four facies quoted above have sometimes been confused in the past literature i.e., ironstone green clays for verdine green clays, verdine facies for glaucony facies, and some glauconitic minerals for the celadonitic mica.The common point is that green clays are involved, and all of them are iron-rich. Partly for that reason, the order of presentation chosen in this volume follows the geochemical path of iron from continent to ocean: ancient ironstone facies is known to form at the boundary between land and ocean; recent verdine facies appears to develop at a similar location but is essentially marine; glaucony facies occurs farther from continental water input in an open marine environment; in the celadonite-bearing rocks, iron appears dominantly "oceanic" in the sense that many of these rocks are found in volcanic series formed in deep waters where oceans are opening
The oolitic ironstone facies is mostly discussed here for the purpose of comparison and as it is widely described in the literature, this part is short comprising two chapters. The first chapter (A1) concerns a selected example of outcrop which is interesting both because it shows many of the main characters of the facies and because it is little known to English speaking readers (most literature on these Swiss sediments from Chamoson area is in other languages). The second chapter (A2) discusses the diverse hypotheses on the origin and process of formation. A new interpretation of the green marine clays of the oolitic ironstone facies is proposed in the light of knowledge of recent verdine facies: the ironstone clays would be essentially diagenetic in origin.
The verdine facies is presented at length because previously little known; many new data are gathered. This part gives what is intended to be an exhaus- tive view. Four chapters describe the presently known deposits for this facies, three deposits are considered in details from the most recent deposit (Chapter B1, New Caledonia) to the presumably oldest and relict (Chapter B3, French Guiana) deposit. Others are shortly described in Chapter B4. A detailed minera- logic study constitutes a fifth chapter where a variety of green marine clays are precisely identified for the first time. A sixth chapter summarizes the geological significance of that facies in comparison to the formerly discussed one (oolitic ironstone facies) as well as to the following one (glaucony facies).
The glaucony facies is discussed in part C; new data have been obtained from the present sea-bottom. Three chapters give examples of unburied glauconitic sedimentary deposits from different latitudes and different ages and illustrate the variety of the initial substrates favourable to glauconitization. A fourth chapter summarizes the general characteristics of the facies; this chapter is not intended to be exhaustive since many data have been published in the literature especially from the mineralogical point of view; but the geological significance is considered in detail and new data obtained since ten years from isotopic analyses are particularly fruitful for this discussion.
The fourth part on celadonite-bearing rocks, is arranged as a multi-authored single monograph which reviews the data recently gathered on a subject which is extensively discussed in the literature of the last decade because celadonite occurs frequently in deep-sea basalts. New unpublished results are added in this review; for example, results of isotopic studies which allow both a better knowledge of the environment of formation to be obtained and the geological significance of celadonite to be understood.
Following a general conclusion on green marine clays, a glossary is proposed which may serve as a subject index.
In short, the present volume concerns clay formation in more or less close contact with sea-water Two leading ideas were present
The first leading idea is that authigenic marine clays are widespread and diverse in oceans. Although quantitatively more restricted than inherited clays, the authigenic clay minerals are a more precise reflection of their environment of sedimentation and deserve more study. Moreover, the geological significance of authigenic clay minerals can be precisely discussed thanks to the study of sediments of the present-day sea-bottom
The second leading idea results from the observation that the diverse clay minerals observed are all formed following a similar fundamental process which is crystal growth. Therefore, the fashionable hypothesis developed during the sixties and seventies, and according to which the sea was essentially the site for a transformation process (moderate modification in a permanent inherited crystal structure) of inherited clays, is shown obsolete here.