Première
Partie: PRÉSENTATION
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I-
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État, objectifs et moyens de recherche |
3
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II-
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Rappel historique |
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III-
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Gisements des glauconies |
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Deuxième
Partie: CARACTÈRES MINÉRALOGIQUES
Essai de caractérisation et de classification des composants des glauconies |
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I-
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État et discussion des travaux avant les présentes recherches |
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II-
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Analyse diffractométrique des glauconies
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16
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III-
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Nanostructures des glauconies (microscope électronique à balayage)
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23
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IV-
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Autres propriétés des glauconies
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32
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V-
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Composition chimique des glauconies
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40
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VI-
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Situation des minéraux glauconitiques parmi les phyllites TOT
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52
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Troisième
Partie: ASPECTS SÉDIMENTOLOGIQUES DES GLAUCONIES
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I-
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Les séries glauconieuses anciennes |
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61
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73
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II-
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Les formations glauconieuses récentes |
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90
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111
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III-
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Sur quelques cas de glauconitisation clairs |
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IV-
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Synthèse sédimentologique et discussion sur la genèse des glauconies |
153
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conclusion: la glauconitisation n'implique pas une nature chimique initiale précise du support; au contraire, il peut être varié: siliceux, phylliteux, composite |
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158
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161
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163
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170
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Quatrième
Partie: GÉOCHIMIE ISOTOPIQUE DES GLAUCONIES
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173
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I-
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Observations sur l'altération |
176
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II-
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Étude géochronologique critique de la méthode à l'argon appliquée aux glauconies | |
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200
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204
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211
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III-
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Ré-étalonnage de l'échelle chronostratigraphique |
219
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221
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230
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238
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IV-
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Spécificité et possibilités des datations numériques
sur glauconies |
242
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conclusions
à l'analyse géochronologique
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247
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B 1
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B
13
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CONSTITUTION DES GLAUCONIESLes études ont porté sur des granules, plus aisément purifiables que les glauconies diffuses. Ces granules verts paramagnétiques cryptocristallins peuvent être subdivisés en 2 catégories; ils sont mono- ou pluriminéraux selon qu'ils renferment un ou plusieurs constituants minéraux. Cette distinction met en évidence le caractère authigène (grains monominéraux) ou partiellement hérité (grains pluriminéraux).
Les minéraux typiques des glauconies sont du type T.O.T. (ces granules doivent être distingués de ceux constitués de berthiérine: minéral T.O. rencontré sous le même aspect dans les sédiments récents). Ces constituants authigènes marins des glauconies forment une série minérale différente des minéraux de la série smectite -> illite.
Cristallographiquement fort semblables, ces deux séries sont distinctes chimiquement. Les variations des teneurs en éléments observées sont nettement plus limitées qu'il apparaît à la lecture de la littérature, ceci étant dû, en partie, à la purification ± complète des granules selon les auteurs. En particulier, si l'on peut observer que le passage smectite ferrifère (minéral ouvert) -> mica glauconitique (minéral ordonné et fermé) s'accompagne parfois d'un enrichissement en fer ferrique, celui-ci n'est pas généralisable à l'ensemble des glauconies et reste limité.
L'homogénéité relative du milieu de genèse des minéraux des glauconies explique sans doute cette individualité chimique marquée par la richesse en fer ferrique et la présence dominante de potassium dans les interfeuillets.L'analyse diffractométrique sur poudre non orientée permet une caractérisation pratique et reproductible de ces minéraux; la relation directe et constante entre la fermeture des feuillets et la teneur en potassium permet d'utiliser la diffractométrie comme technique de dosage du potassium rapide et efficace sans supplanter la nécessaire analyse chimique lors des études d'âge.
L'analyse nannostructurale met en évidence des aspects identiques à ceux des autres phyllites T.O.T. pour les grains constitués de minéraux désordonnés et ouverts. Les minéraux ordonnés présentent des lamelles de 5 à 10 µm de taille remarquable pour ces phyllites T.O.T. de surface.
ASPECTS SÉDIMENTOLOGIQUES DES GLAUCONIESL'étude des formations glauconieuses anciennes et récentes permet de définir entre le milieu marin ouvert et le sédiment, un milieu intermédiaire essentiellement granulaire. Ces granules créent un milieu semi-confiné par rapport au milieu marin: à l'abri de l'action diluante de l'eau de mer, suffisamment ouvert cependant pour permettre des échanges ioniques; la porosité nécessaire à la création de ce milieu s'accompagne d'une grande surface de réaction. C'est là, dans ce support préalable semi-confiné et poreux, que naissent et se développent les minéraux les moins évolués des glauconies: des smectites ferrifères et potassiques.
La nature chimique de ce support est indifférente et, ainsi, le "modèle" de mécanisme de genèse de ces minéraux ne doit pas faire intervenir un composant privilégié s'il veut être probable.
L'importance de la qualité du confinement ainsi défini se traduit dans des variations systématiques de minéralogie observée en fonction de la taille des supports verdis et, parfois, de la position des phyllites dans ceux-ci: la pellicule extérieure (quelques micromètres) et les grains petits (moins de 100 µm) sont des microenvironnements plus ouverts et l'évolution des phyllites est moins avancée que dans les grains plus gros (optimum: 200 à 400 µm). Les graviers, galets et surfaces verdies (milieu plus -trop- confiné) ne présentent, en surface seulement, que des stades peu avancés des phyllites.
Dans ces sortes d'éponges à ions géochimiquement très actives, et là seulement, des phyllites se créent (néoformation), elles sont en équilibre avec le milieu marin par l'intermédiaire du filtre que constitue la porosité du support. Les minéraux initiaux du granule, en déséquilibre avec ce milieu , sont détruits, qu'il s'agisse de carbonates, de silice, de silicates ou d'autres phyllites.Les croissances cristallines des smectites se substituant au support en voie de dégradation, sont rapides et s'étalent sur 103 à 104 ans. Remarquablement, la rapidité de ce phénomène s'oppose, à la lenteur de l'enrichissement en potassium corrélatif de la fermeture des minéraux, phénomène apparemment simple, mais qui s'accompagne en réalité de recristallisations et dont la durée se situe entre 105 et 106 ans.
Jusqu'au stade du minéral fermé, les réactions peuvent s'accomplir entièrement proche du contact eau-sédiment et ne nécessitent ni enfouissement, sensible ni diagenèse. L'évolution chimique complète est ainsi caractéristique du milieu marin, l'achèvement cristallographique (minéral ordonné) n'a toutefois pas été rencontré dans les sédiments authigènes récents ou reliques des mers actuelles.
L'aspect le plus souvent particulaire de la genèse des glauconies ne doit pas faire croire à un phénomène localisé de faible ampleur; c'est par dizaines de milliers de tonnes que les minéraux des glauconies ont été engendrés chaque année sur les bords externes de la majorité des plateaux continentaux ou des hauts fonds marins durant le Quaternaire.
La formation des glauconies constitue ainsi une étape essentielle dans la géochimie du fer marin; c'est un mécanisme primordial de l'immobilisation du fer dans les océans. Il est complété par la formation de goethite à faible profondeur et par celle de berthiérine qui reste actuellement inféodée aux embouchures où leur genèse est rapide, alors que la synthèse des glauconies se cantonne entre 60 et 400 mètres de profondeur.
L'ÂGE DES GLAUCONIESPeu de travaux existent concernant l'influence précise des divers processus d'altération, au sens large, sur l'âge radiométrique des glauconies. Diverses expérimentations ont démontré
- que lors des manipulations, les glauconies supportent une température de 180°C sous vide sans dommage apparent;
- qu'un rinçage naturel modéré ne modifie pas de façon sensible l'âge apparent K-Ar alors que l'âge Rb-Sr est légèrement abaissé;
- qu'un lavage modéré à l'acide ou aux ultra-sons ne modifie ni l'âge K-Ar, ni l'âge Rb-Sr.Certaines de ces actions sont recommandables, lorsqu'elles sont contrôlées, pour nettoyer les granules avant leur datation absolue.
En outre, les glauconies convenablement choisies et purifiées donnent des âges très fidèles et reproductibles; leur justesse semble attestée par des recoupements, encore peu nombreux, avec des minéraux de haute température.
L'analyse isotopique d'échantillons d'âge Jurassique supérieur à Miocène inférieur, prélevés dans les bassins de définition des différents étages, permet de réétalonner l'échelle actuellement admise pour cet espace de temps. Des modifications plus ou moins amples doivent être apportées à l'âge de diverses limites. La nécessité de ces modifications peut être expliquée et est confirmée par les données déjà disponibles dans d'autres formations géologiques. Les résultats présentés ont été systématiquement soumis à des vérifications dans plusieurs laboratoires et peuvent être considérés comme analytiquement assurés. Des améliorations peuvent être apportées à l'échelle établie par une meilleure précision analytique
QUELQUES IDÉES DOIVENT ÊTRE ABANDONNÉESLes glauconies ne se constituent pas dans un milieu agité.
Elles ne résultent pas d'un mécanisme de transformation d'une phyllite préalable, dégradée.
Elles ne marquent pas nécessairement un phénomène transgressif ni un arrêt de sédimentation prolongé.
Les fentes et craquelures typiques des granules verts ne constituent pas les marques d'une rétraction due à une perte d'eau mais d'une croissance de phyllites plus rapide à l'intérieur.Les fonds marins et singulièrement les plateaux continentaux, ne sont pas de simples étapes intermédiaires entre l'érosion continentale et les évolutions diagénétiques. De nouvelles phyllites de toutes sortes s'y forment, leur masse dépasse celle des apports figurés lors des périodes biostasiques.
Les minéraux des glauconies ne sont pas fragiles au point de ne pouvoir constituer des chronomètres aussi efficace que certains minéraux de haute température. En particulier, la diffusion systématique et régulière de l'argon hors du réseau cristallin est un phénomène inexistant lorsque le chronomètre est convenablement choisi.
ÂGE APPARENT INITIAL DES GLAUCONIESLa glauconitisation s'arrête au cours de l'un des stades suivants:
1- stade de verdissement: des smectites naissent dans les pores d'un support; l'âge apparent de l'ensemble support + néoformations est parfois très élevé;
2- stade d'élimination du support corrélatif de nouvelles croissances cristallines: l'âge apparent s'abaisse
3- stade des recristallisations: très long et accompagné d'enrichissement en potassium, l'équilibre isotopique avec la mer est atteint (ce qui veut dire l'âge apparent initial approche zéro). La fermeture de la glauconie vis à vis du milieu extérieur (déclenchement du chronomètre) survient lors d'une modification du milieu de genèse (enfouissement au autre phénomène) qui arrête les échanges ioniques.