Référence 50.

Odin G.S., 1975. De glauconiarum, constitutione, origine, aetateque.
Recherches sédimentologiques et géochimiques sur la genèse des glauconies actuelles et anciennes; application à la révision de l'échelle chronostratigraphique par l'analyse isotopique des formations sédimentaires d'Europe occidentale (du Jurassique supérieur au Miocène inférieur).
Thèse Doct. d'Etat, Paris, offset, 250 pp.

(exemplaires disponibles chez l'auteur)

Citations en exergue:
"… dans l'infinie variété des choses sachons découvrir leur harmonie et leur unité…"
HEGEL
"La stratégie fondamentale de la science dans l'analyse des phénomènes est la découverte des invariants"
JACQUES MONOD

 

Dédicace: Je dédie ce travail à deux maîtres qui ont influencé ma vocation de chercheur: le Professeur JEAN AUBOUIN qui a déterminé ma spécialisation de géologue en faisant vivre les roches pendant ses cours de licence puis, plus tard, le Professeur GEORGES MILLOT qui m'a appris la vie des argiles par son beau livre: "Géologie des argiles". L'occasion m'est ici donnée de leur rendre un hommage respectieux; j'espère qu'ils estimeront ce travail digne de leur enseignement magistral.

Ce fichier présente :

- Le plan du travail (voir)
- Le résumé (voir)

 

 

PLAN DU TRAVAIL

Première Partie: PRÉSENTATION
I-
État, objectifs et moyens de recherche
3
II-
Rappel historique
7
III-
Gisements des glauconies
10
les glauconies se sont formées de tout temps sur les plateaux continentaux

 

Deuxième Partie: CARACTÈRES MINÉRALOGIQUES

Essai de caractérisation et de classification des composants des glauconies

I-
État et discussion des travaux avant les présentes recherches
13
II-

Analyse diffractométrique des glauconies

a- Méthodologie

b- Résultats d'analyse
Généralités:
deux types de granules: monominéraux - pluriminéraux; distinction fondamentale sur le plan sédimentologique et génétique entre composants authigènes et composants hérités
La famille des minéraux glauconitiques:
variation continue du pic de diffraction (001) depuis 14 vers 10 Å

c- Discussion
1- Terminologie
2- Classification des variétés observées en diffractométrie

16
III-

Nanostructures des glauconies (microscope électronique à balayage)

a- Généralités
b- Résultats concernant les minéraux argileux en général
c- Les minéraux des glauconies
d- Discussion des nannostructures: il faut être prudent car on observe des formes cristallines caractéristiques d'un milieu et d'une famille minérale plutôt que d'une espèce

23
IV-
Autres propriétés des glauconies

a- La densité
b- Les échanges ioniques
Échanges quantitatifs: la capacité d'échange cationique
Échanges qualitatifs: K , Rb ; Sr ; Mg.
c- Les analyses thermiques
d- Le paramagnétisme

32
V-
Composition chimique des glauconies

a- Domaine de variation de divers éléments
difficulté: pureté des minéraux et incertitude des analyses

b- Interprétation des résultats
1- Rapports entre les variations des différents cations: Fe+++, Al+++, K+
2- Formules structurales proposées par les auteurs

c- Relation composition chimique - propriétés diffractométriques

40
VI-
Situation des minéraux glauconitiques parmi les phyllites TOT

a- Minéralogie
parallélisme entre la série smectite-illite et la série des minéraux glauconitiques
originalité: la forte teneur en fer des derniers

b- Comportement expérimental
les deux familles ne se confondent pas ni minéralogiquement ni génétiquement

52

 

Troisième Partie: ASPECTS SÉDIMENTOLOGIQUES DES GLAUCONIES
I-
Les séries glauconieuses anciennes
58

a- L'Albo-Aptien de Normandie
Les glauconies les plus récentes sont mieux cristallisées que les plus anciennes. Le processus d'enfouissement ne joue qu'un rôle secondaire dans l'évolution, si toutefois il existe

b- La série glauconieuse des Monts des Flandres 61

Présentation des coupes
Analyse minéralogique des glauconies du Mont Cassel
Analyse diffractométrique du sondage du Rodeberg
Discussion et enseignements

- conclusion concernant les grains verdis
origine: les granules étaient initialement constitués d'argile de même nature que le sédiment
minéralogie: évolution discontinue du taux de fer et antérieure à l'enrichissement en K
faciès: première notion de micromilieu granulaire, nécessité et qualité

- conclusion concernant la place du phénomène dans le cycle sédimentaire
La glauconitisation est liée à la vitesse de dépôt

61

c- La série glauconieuse du Miocène de Soustons
Les glauconies composées de minéraux à structure fermée sont le résultat du ralentissement des dépôts; les grains plus grossiers constituent un micromilieu plus favorable que les plus petits

73
II-
Les formations glauconieuses récentes
78

a- Les glauconies présentes dans les fonds océaniques dans le monde

1- Répartition
2- Minéralogie
3- Authigénie et âge des glauconies rencontrées
4- Enseignements

b- Les glauconies du plateau nord-ouest espagnol

1- Les gisements
2- Physico-chimie des glauconies
3- Analyse nannostructurale
La glauconitisation des débris carbonatés: aspects et processus
4- Âges de glauconitisation
5- Enseignements

90

c- La glauconitisation dans le Golfe de Guinée

1- Le gisement: zone deltaïque et zone ouverte
2- Analyse minéralogique
les coprolites du delta de l'Ogooué
les coprolites des zones ouvertes
3- Analyse nannostructurale
4- Enseignements

111
III-
Sur quelques cas de glauconitisation clairs
128

a- Quartz et glauconie

b- Glauconies vermiculaires
Exemple d'interprétation nouvelle rendue possible par une analyse fine d'un phénomène déjà décrit

c- Glauconitisation de débris d'Echinodermes
Depuis le carbonate jusqu'au granule vert monominéral

d- Le verdissement des craies
Exemple permettant d'établir une synthèse des cas d'observation reliés par un mécanisme unique

IV-
Synthèse sédimentologique et discussion sur la genèse des glauconies
153

a- Rapport entre une phyllite initiale et la glauconie: étude critique

1- Rapport mica-glauconie: accidentel
2- Rapport minéralogique entre phyllite du sédiment et glauconie,: éloigné
3- Sur la nécessité de la présence préalable d'une smectite héritée dégradée: inexistante

conclusion: la glauconitisation n'implique pas une nature chimique initiale précise du support; au contraire, il peut être varié: siliceux, phylliteux, composite…

b- Glauconitisation et microenvironnement

1- Le faciès granulaire
2- Qualité du confinement du milieu de genèse
3- Porosité et surface de réaction
4- Caractères chimiques du microenvironnement

158

c- Le macroenvironnement

1- Les caractéristiques chimiques
chimiquement, il est strictement défini: c'est la mer ouverte. Rien ne s'oppose à ce que, localement, ce milieu soit reproduit dans un lac ou une vacuole basaltique

2- Autres caractères du macroenvironnement
arrêt de dépôt de sédiments; la profondeur semble indifférente, encore qu'on ne rencontre pas de glauconies en place très profonde.
Il semble que la position sur le plateau continental soit déterminante.

161

d- L'environnement lointain 163

1- Influence climatique
2- Les glauconies dans les cycles sédimentaires
- série de Goldschmidt
- série de Erhart
- le niveau marin
3- Rapports entre glauconies et composants proches
- les glauconies et les phyllites T.O.T.
- les glauconies dans le cycle du fer
- glauconies et phosphates

163

e- Schéma unitaire du processus

1- Transformation et néoformation: un a priori
2- Les conditions du milieu
3- La réalisation des synthèses

170

 

Quatrième Partie: GÉOCHIMIE ISOTOPIQUE DES GLAUCONIES

Notions générales

173
I-
Observations sur l'altération
176

a- Action thermique

b- Action du rinçage

1- Essai de rinçage
action du traitement aux ultrasons sur les âges apparents K-Ar
action de divers traitements sur les âges apparents Rb-Sr

2- Altération naturelle de glauconies dans un cours d'eau
prélèvements
méthode d'étude
les résultats
- minéralogie
- analyse isotopique Rb-Sr
- analyse isotopique K-Ar
discussion et enseignements

II-
Étude géochronologique critique de la méthode à l'argon appliquée aux glauconies  

a- Les travaux antérieurs

1- L'échelle des temps admise en 1964
2- Les premières recherche systématiques en Europe

200

b- Fidélité et reproductibilité des mesures sur glauconie

1- sur un même affleurement
2- sur différents affleurements de même âge stratigraphique
3- sur des suites d'échantillons successifs dans le temps
rapports isotopiques 40Ar /40 K dans les glauconies de Cassel
dispersion des résultats d'analyse sur des glauconies de niveaux différents

204

c- Reproductibilité interlaboratoire

1- Analyse isotopique de l'étalon interlaboratoire Glauconite GL-O
2- Analyse isotopique du Tertiaire d'Angleterre dans 3 laboratoires

211
III-
Ré-étalonnage de l'échelle chronostratigraphique
219

a- Corrections à apporter aux résultats analytiques et marge d'incertitude

1- Le potassium
2- L'argon

b- Présentation des résultats

1- résultats analytiques
2- Situation des échantillons
221

c- Discussion des résultats

1- Signification des âges apparents des glauconies
2- Discussion des valeurs absolues,comparaison avec les données des auteurs récents
3- Échelle proposée

230

d- Proposition méthodologiques pour de nouvelles améliorations,ns

238
IV-
Spécificité et possibilités des datations numériques sur glauconies
242
conclusions à l'analyse géochronologique

a- Spécificité liée à la nature des roches sédimentaires
b- Spécificité liée aux glauconies

- RÉSUMÉ: LES DONNÉES ACQUISES

247

- Présentation et Analyse critique des travaux publiés par l'auteur (ref. 1 à 49) ( voir cette liste )

B 1

- Bibliographie

B 13

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RÉSUMÉ



CONSTITUTION DES GLAUCONIES

Les études ont porté sur des granules, plus aisément purifiables que les glauconies diffuses. Ces granules verts paramagnétiques cryptocristallins peuvent être subdivisés en 2 catégories; ils sont mono- ou pluriminéraux selon qu'ils renferment un ou plusieurs constituants minéraux. Cette distinction met en évidence le caractère authigène (grains monominéraux) ou partiellement hérité (grains pluriminéraux).

Les minéraux typiques des glauconies sont du type T.O.T. (ces granules doivent être distingués de ceux constitués de berthiérine: minéral T.O. rencontré sous le même aspect dans les sédiments récents). Ces constituants authigènes marins des glauconies forment une série minérale … différente des minéraux de la série smectite -> illite.
Cristallographiquement fort semblables, ces deux séries sont distinctes chimiquement. Les variations des teneurs en éléments observées sont nettement plus limitées qu'il apparaît à la lecture de la littérature, ceci étant dû, en partie, à la purification ± complète des granules selon les auteurs. En particulier, si l'on peut observer que le passage smectite ferrifère (minéral ouvert) -> mica glauconitique (minéral ordonné et fermé) s'accompagne parfois d'un enrichissement en fer ferrique, celui-ci n'est pas généralisable à l'ensemble des glauconies et reste limité.
L'homogénéité relative du milieu de genèse des minéraux des glauconies explique sans doute cette individualité chimique marquée par la richesse en fer ferrique et la présence dominante de potassium dans les interfeuillets.

L'analyse diffractométrique sur poudre non orientée permet une caractérisation pratique et reproductible de ces minéraux; la relation directe et constante entre la fermeture des feuillets et la teneur en potassium permet d'utiliser la diffractométrie comme technique de dosage du potassium rapide et efficace sans supplanter la nécessaire analyse chimique lors des études d'âge.

L'analyse nannostructurale met en évidence des aspects identiques à ceux des autres phyllites T.O.T. pour les grains constitués de minéraux désordonnés et ouverts. Les minéraux ordonnés présentent des lamelles de 5 à 10 µm de taille remarquable pour ces phyllites T.O.T. de surface.


ASPECTS SÉDIMENTOLOGIQUES DES GLAUCONIES

L'étude des formations glauconieuses anciennes et récentes permet de définir entre le milieu marin ouvert et le sédiment, un milieu intermédiaire essentiellement granulaire. Ces granules créent un milieu semi-confiné par rapport au milieu marin: à l'abri de l'action diluante de l'eau de mer, suffisamment ouvert cependant pour permettre des échanges ioniques; la porosité nécessaire à la création de ce milieu s'accompagne d'une grande surface de réaction. C'est là, dans ce support préalable semi-confiné et poreux, que naissent et se développent les minéraux les moins évolués des glauconies: des smectites ferrifères et potassiques.
La nature chimique de ce support est indifférente et, ainsi, le "modèle" de mécanisme de genèse de ces minéraux ne doit pas faire intervenir un composant privilégié s'il veut être probable.
L'importance de la qualité du confinement ainsi défini se traduit dans des variations systématiques de minéralogie observée en fonction de la taille des supports verdis et, parfois, de la position des phyllites dans ceux-ci: la pellicule extérieure (quelques micromètres) et les grains petits (moins de 100 µm) sont des microenvironnements plus ouverts et l'évolution des phyllites est moins avancée que dans les grains plus gros (optimum: 200 à 400 µm). Les graviers, galets et surfaces verdies (milieu plus -trop- confiné) ne présentent, en surface seulement, que des stades peu avancés des phyllites.
Dans ces sortes d'éponges à ions géochimiquement très actives, et là seulement, des phyllites se créent (néoformation), elles sont en équilibre avec le milieu marin par l'intermédiaire du filtre que constitue la porosité du support. Les minéraux initiaux du granule, en déséquilibre avec ce milieu…, sont détruits, qu'il s'agisse de carbonates, de silice, de silicates ou d'autres phyllites.

Les croissances cristallines des smectites se substituant au support en voie de dégradation, sont rapides et s'étalent sur 103 à 104 ans. Remarquablement, la rapidité de ce phénomène s'oppose, à la lenteur de l'enrichissement en potassium corrélatif de la fermeture des minéraux, phénomène apparemment simple, mais qui s'accompagne en réalité de recristallisations et dont la durée se situe entre 105 et 106 ans.

Jusqu'au stade du minéral fermé, les réactions peuvent s'accomplir entièrement proche du contact eau-sédiment et ne nécessitent ni enfouissement, sensible ni diagenèse. L'évolution chimique complète est ainsi caractéristique du milieu marin, l'achèvement cristallographique (minéral ordonné) n'a toutefois pas été rencontré dans les sédiments authigènes récents ou reliques des mers actuelles.

L'aspect le plus souvent particulaire de la genèse des glauconies ne doit pas faire croire à un phénomène localisé de faible ampleur; c'est par dizaines de milliers de tonnes que les minéraux des glauconies ont été engendrés chaque année sur les bords externes de la majorité des plateaux continentaux ou des hauts fonds marins durant le Quaternaire.

La formation des glauconies constitue ainsi une étape essentielle dans la géochimie du fer marin; c'est un mécanisme primordial de l'immobilisation du fer dans les océans. Il est complété par la formation de goethite à faible profondeur et par celle de berthiérine qui reste actuellement inféodée aux embouchures où leur genèse est rapide, alors que la synthèse des glauconies se cantonne entre 60 et 400 mètres de profondeur.


L'ÂGE DES GLAUCONIES

Peu de travaux existent concernant l'influence précise des divers processus d'altération, au sens large, sur l'âge radiométrique des glauconies. Diverses expérimentations ont démontré
- que lors des manipulations, les glauconies supportent une température de 180°C sous vide sans dommage apparent;
- qu'un rinçage naturel modéré ne modifie pas de façon sensible l'âge apparent K-Ar alors que l'âge Rb-Sr est légèrement abaissé;
- qu'un lavage modéré à l'acide ou aux ultra-sons ne modifie ni l'âge K-Ar, ni l'âge Rb-Sr.

Certaines de ces actions sont recommandables, lorsqu'elles sont contrôlées, pour nettoyer les granules avant leur datation absolue.

En outre, les glauconies convenablement choisies et purifiées donnent des âges très fidèles et reproductibles; leur justesse semble attestée par des recoupements, encore peu nombreux, avec des minéraux de haute température.

L'analyse isotopique d'échantillons d'âge Jurassique supérieur à Miocène inférieur, prélevés dans les bassins de définition des différents étages, permet de réétalonner l'échelle actuellement admise pour cet espace de temps. Des modifications plus ou moins amples doivent être apportées à l'âge de diverses limites. La nécessité de ces modifications peut être expliquée et est confirmée par les données déjà disponibles dans d'autres formations géologiques. Les résultats présentés ont été systématiquement soumis à des vérifications dans plusieurs laboratoires et peuvent être considérés comme analytiquement assurés. Des améliorations peuvent être apportées à l'échelle établie par une meilleure précision analytique…


QUELQUES IDÉES DOIVENT ÊTRE ABANDONNÉES

Les glauconies ne se constituent pas dans un milieu agité.

Elles ne résultent pas d'un mécanisme de transformation d'une phyllite préalable, dégradée.

Elles ne marquent pas nécessairement un phénomène transgressif ni un arrêt de sédimentation prolongé.

Les fentes et craquelures typiques des granules verts ne constituent pas les marques d'une rétraction due à une perte d'eau mais d'une croissance de phyllites plus rapide à l'intérieur.

Les fonds marins et singulièrement les plateaux continentaux, ne sont pas de simples étapes intermédiaires entre l'érosion continentale et les évolutions diagénétiques. De nouvelles phyllites de toutes sortes s'y forment, leur masse dépasse celle des apports figurés lors des périodes biostasiques.

Les minéraux des glauconies ne sont pas fragiles au point de ne pouvoir constituer des chronomètres aussi efficace que certains minéraux de haute température. En particulier, la diffusion systématique et régulière de l'argon hors du réseau cristallin est un phénomène inexistant lorsque le chronomètre est convenablement choisi.


ÂGE APPARENT INITIAL DES GLAUCONIES

La glauconitisation s'arrête au cours de l'un des stades suivants:

1- stade de verdissement: des smectites naissent dans les pores d'un support; l'âge apparent de l'ensemble support + néoformations est parfois très élevé;

2- stade d'élimination du support corrélatif de nouvelles croissances cristallines: l'âge apparent s'abaisse

3- stade des recristallisations: très long et accompagné d'enrichissement en potassium, l'équilibre isotopique avec la mer est atteint (ce qui veut dire l'âge apparent initial approche zéro). La fermeture de la glauconie vis à vis du milieu extérieur (déclenchement du chronomètre) survient lors d'une modification du milieu de genèse (enfouissement au autre phénomène) qui arrête les échanges ioniques.

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