Sommaire: Ce travail expose nos vues pour la première fois dans une publication internationale. Le modèle de glauconitisation exposé est devenu une référence. La signification sédimentologique du faciès glauconie est variée et dépend, en particulier, de sa composition minéralogique.

Résumé: Depuis une douzaine d'années, des glauconies sont récoltées sur les marges continentales. Nous avons étudié, par divers procédés analytiques, des séries d'échantillons ou de fractions d'échantillons afin de saisir la dynamique de leur évolution. Celle-ci est double et concerne d'une part, un support en déséquilibre avec son milieu de dépôt, il s'altère; d'autre part, des minéraux authigènes qui se développent à l'abri de ce support. Nous insistons sur la différence qui existe entre la glauconie, mot qui désigne un faciès comportant deux types de composants évoluant séparément et les minéraux glauconitiques qui désignent l'un de ces composants: l'authigène, lui-même varié minéralogiquement.
Les minéraux glauconitiques sont des phyllites vertes dioctaédriques, riches en fer dès leur apparition sous la forme d'une smectite glauconitique de composition chimique spécifique. Au cours de l'évolution du grain vert, ces smectites recristallisent en minéraux plus riches en potassium et, par un procédé répété, se mettent en équilibre avec un milieu ouvert sur le milieu marin général. Une composition chimique quasiment constante subsiste excepté pour le potassium qui devient abondant et atteint 9 % (K2O) dans le mica glauconitique (c'est la glauconite, terme réservé au minéralogiste). L'homogénéité chimique des minéraux authigènes, cristallographiquement variés, est le reflet de l'homogénéité d'ensemble du milieu marin.
Les supports granulaires de cette évolution sont de 4 types principaux: les remplissages de micro-tests, les coprolites, les débris carbonatés biogéniques, les débris minéraux. Tous montrent des propriétés physiques communes: ils sont ou deviennent poreux par altération, cette porosité détermine une grande surface de réaction et un milieu semi-confiné par rapport à l'eau de mer sus-jacente, caractère favorisant les synthèses minérales et l'altération. Le support est un carrefour où s'échangent lentement les ions de l'eau de mer, de l'eau interstitielle, du support lui-même. La nature chimique du support, si elle influe sur son altérabilité, n'a pas d'influence sur la nature minéralogique de l'authigenèse. Ce fait cardinal est en contradiction avec l'hypothèse de la transformation d'une phyllite T.O.T. dégradée héritée comme support nécessaire de la genèse des minéraux glauconitiques.
Lorsque le milieu est sub-deltaïque (pH plus bas) les mêmes 4 types de support donnent naissance, sous des apparences proches, au faciès berthiérine (il sera renommé verdine en 1985 réf. 150) dont les minéraux authigènes sont des phyllites ferrifères de structure voisine de la kaolinite.
La glauconitisation est d'abord le résultat d'une croissance cristalline de novo de smectite à l'abri d'un support poreux quelconques; c'est la glauconie 'naissante' dont la teneur en potassium peut être fixée entre 2 et 4 % (K2O). La glauconie 'peu-évoluée' est le stade suivant pendant lequel le support disparaît en grande partie (K2O = 4-6%). La glauconie 'évoluée' (K2O = 6-8 %) se caractérise par des recristallisations dans des grains d'où la texture héritée du support disparaît peu à peu alors que des fissures apparaissent. Dans la glauconie 'très-évoluée' l'origine n'est plus reconnaissable et le minéral authigène pur a une structure proche d'un mica et une composition en potassium élevée caractéristique du mica glauconitique pôle d'évolution de la famille.