Les Phoronidiens sont exclusivement marins, suspensivores, vivant dans un tube cylindrique chitineux (sécrété par l'épiderme) dans lequel ils se déplacent librement.

Les principales autres caractéristiques des Phoronidiens sont :

  •  Le corps vermiforme des Phoronidiens comprend trois régions distinctes, chacune avec une cavité coelomique:

    •  le protosome (avec le procoelome), représenté par l'épistome, est réduit à une languette surplombant dorsalement la bouche (entre celle-ci et l'anus) ;

    •  le mésosome (avec le mésocoelome) comprend le lophophore ; le diaphragme, un septum horizontal, à la base du lophophore, sépare le procoelome et mésocoelome du métacoelome ;

    •  le métasome (avec le métacoelome) correspond au tronc cylindrique, dont la partie postérieure élargie (ou ampoule) sert d'organe d'ancrage à l'animal dans le fond du tube.

  • Le lophophore est défini comme " une extension tentaculée du mésosome - et de sa cavité coelomique, le mésocoelome - qui entoure la bouche mais pas l'anus et dont les principales fonctions sont nutrition, respiration, protection " (Hyman, 1959; Emig, 1976). Ses tentacules sont disposés en forme de fer à cheval, parfois enroulées en spirale ; le nombre de tentacules et la complexité de la forme du lophophore varie selon la taille des espèces.

  • Le tube digestif en U amène l'anus à proximité de la bouche et comprend une branche descendante avec, successivement, un oesophage, préestomac, estomac, puis un pylore et une branche ascendante, uniquement formé par l'intestin qui s'ouvre par l'anus sur la papille anale.

  • Le système nerveux, basi-épithélial, comprend, entre la bouche et l'anus, un ganglion nerveux, d'où sortent un large nerf circulaire longeant la base du lophophore et une ou deux fibres géantes se prolongeant dans la paroi du métasome jusque dans l'ampoule.

  • Le système excréteur est formé d'une paire de métanéphridies qui s'ouvrent dans le métacoelome par un ou deux entonnoirs et à l'exterieur sur la papille anale par un néphridiopore.
    Les caractéristiques des néphridies sont les principaux critères taxonomiques pour l'identification des espèces.

  • Le système circulatoire, clos avec des globules rouges (avec de l'hémoglobine), est formé de deux vaisseaux longitudinaux qui communiquent postérieurement par le sinus péristomacal et antérieurement par le vaisseau lophophoral qui envoie un capillaire dans chaque tentacule du lophophore.
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    Adulto

    Schéma d'une phoronide adulte

     


    Des photographies de plusieurs espèces de Phoronidien peuvent être admirées sur les pages de Systématique & Taxinomie

    Reproduction

    Les Phoronidiens sont dioïques ou hermaphrodites et présentent aussi une reproduction asexué. Les gonades se développent dans l'ampoule autour du vaisseau latéral. La fécondation est interne ; spermatozoïdes et oeufs sont rejetés par les néphridies qui ainsi servent de gonoductes. La segmentation de l'oeuf est totale, égale et se déroule selon le type radiaire.

    Le développement embryonnaire, selon trois modalités différentes, conduit à une larve ciliée pélagique, nommé Actinotrocha  ou actinotroque, caractérisée par un lobe préoral, une plaque apicale, des tentacules larvaires, une couronne ciliée périanale et des protonéphridies (voir Emig, 1982) Par métamorphose "catastrophique", se produisant en quelque minutes, survenant après deux à trois semaines de vie planctonique, l'actinotroque se transforme en un jeune phoronidien qui prend une vie sédentaire en s'enfonçant dans le substrat et en y sécrétant son tube .

       
    Actinotrocha

    Schéma d'une larve Actinotroque
     

  • Ecologie

    Les Phoronidiens sont présents dans toutes les mers et océans du monde (sauf polaires), depuis la zone intertidale jusque vers 70 m, exceptionnellement jusqu'à 400 m de profondeur. Beaucoup d'espèces sont cosmopolites.
    La duréede vie est de l'ordre d'un an.
    Les Phoronidiens sont des suspensivores, capturant des algues, diatomées, petits invertébrés, larves, détritus avec leur lophophore en forme d'entonnoir orienté vers le courant. Ils absorbent aussi, à travers l'épiderme, des substances dissoutes (aminoacides) de l'eau de mer.
    Sous forme fossile, les Phoronidiens sont connus depuis le Dévonien (voir synthèse dans Emig, 1982).

    Systématique et Phylogénie

    Les Phoronidiens occupent une place primordiale dans l'arbre phylétique des Métazoaires : ils appartiennent à l'embranchement des Lophophorates avec les Brachiopodes et les Bryozoaires. L'origine des ces différents taxons fait l'objet de bien des controverses, notamment par les généticiens qui ont repris l'ancienne dualité "Deuterostomiens-Protostomiens", un concept pourtant largement dénoncé et abandonné depuis la fin des années 70.

    Cette page doit être citée sous la forme :
    Emig C. C., 1999. C'est quoi un phoronidien? http://paleopolis.rediris.es/Phoronida/.

    Quelques références générales sur les phoronidiens...

    Emig C. C., 1976. Le lophophore - structure significative des Lophophorates (Brachiopoda, Bryozoa, Phoronida). Zool. Scripta, 5, 133-137.

    Emig C. C., 1979. British and other Phoronids. In : Synopses of the British fauna, Eds Kermack D. M. & R. S. K. Barnes, Acad. Press, London, 13, 57 pp.

    Emig C. C., 1982. The biology of Phoronida. Adv. mar. Biol., 19, 1-89.

    Emig C. C., 1982. Phoronida. In : Synopsis and classification of Living organisms, Ed. Parker S. P., McGraw-Hill, New-York, vol. 2, p. 741, Pl. 126-127.

    Emig C. C., 1982. Bref résumé de quelques connaissances récentes sur les Phoronidiens. Bull. Soc. zool. Fr., 107 (2), 225-232.

    Emig C. C., 1983. Phoronida. In : Reproductive Biology of Invertebrates, Eds Adiyodi R. K. & R. G. Adiyodi, Wiley Intersci., New-York, Vol. 1, Oogenesis, oviposition, and oosorption, pp. 535-542.

    Emig C. C., 1984. On the origin of the Lophophorates. Z. zool. System. Evolut.-forsch., 22 (2), 91-94.

    Emig C. C., 1986. Phylum Phoronida (Horseshoe worms). In : Marine Fauna and Flora of Bermuda, Ed. Sterrer W., Wiley & sons, New-York, pp. 516-518.

    Emig C. C. & J. Bailey-Brock, 1987. Phylum Phoronida. In : Reef and Shore fauna of Hawaii, Eds Devaney D. M. and L. G. Eldredge, Sect. 2 & 3: Plathelminthes through Phoronida, and Sipuncula through Annelida, pp. 171-181.

    Emig C. C. 1990. Phoronida. In : Reproductive Biology of Invertebrates, Eds Adiyodi R. K. & R. G. Adiyodi, Oxford & IBH, New Dehli, Fertilization, development, and parental care, Vol. 4 (Part B), 165-184.

    Corbera J., Emig C. C. & M. Zabala, 1991. Els lofoforats i afins (en catalan), pp. 335-374. Història Natural dels Països Catalans, vol. 8: Invertebrats no artròpodes, 598 pp. Enciclopèdia Catalana, Barcelone.

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    Emig C. C. & J.G. Harmelin, 1996. Lophophorates - Bryozoaires, Phoronidiens, Brachiopodes. Encyclopédie Clartés, Editions Clartés, Paris, suppl. 12 (4250), 1-10.

    Emig C. C., 1999. Phoronida. In: Embryonic Encyclopedia of Life Sciences. Nature Publishing Group, London, www.els.net.