Courte histoire de la bionomie benthique méditerranéenne
C'est au début des années 1950 que l’activité de la Station Marine d’Endoume (Marseille), sous l’impulsion de son directeur, le Prof. Jean-Marie Pérès, a commencé à développer une importante activité scientifique, portant sur le benthos méditerranéen (1), et plus particulièrement de l'écologie, mais le mot n'était encore guère utilisé. On faisait de la bionomie, celui-ci est encore en usage aujourd'hui !
Dès 1955 apparaît le premier essai sur la bionomie du benthos de la Méditerranée occidentale, comparée à celle de l’Atlantique nord-oriental (2). Il sera suivi en 1958 du « Nouveau manuel de Bionomie benthique de la Mer Méditerranée», toujours signé Pérès & Picard.
Au même moment se met en place à la Station le premier enseignement en France de Biologie marine et Océanographie biologique (3e Cycle à l’Université d’Aix-Marseille, dont dépend la Station Marine d’Endoume). En 1961, les étudiants en océanographie voient paraître le vol. 1 de « Océanographie biologique et Biologie Marine » (3), le volume 2 paraîtra en 1963.
En 1964, c’est la réédition revue et corrigée du « Nouveau manuel de Bionomie benthique de la Mer Méditerranée » (4), qui se vend toujours ! Un livre de paillasse pour tout océanographe et à emporter lors des campagnes en mer.
Cet ouvrage marquera la naissance d'une véritable « école de bionomie marine », connue internationalement sous le terme d’Ecole d’Endoume ; elle aura une importante influence dans de nombreuses disciplines océanographiques. Il n’y a guère, même aujourd’hui, de travaux méditerranéens de géologues marins et de paléontologues qui n’y font référence.
La dernière synthèse sur la bionomie benthique sera publiée par J. M. Pérès en 1982 dans le vol. V (5) dans le traité « Marine Ecology » édité par Otto Kinne (Heligoland, Allemagne).
1982 verra aussi le départ à la retraite de J. M. Pérès, avec un changement de directeur et de cap dans les recherches marines - l’abandon des recherches qui ont fait pendant trois décennies la renommée de la Station, et un changement concomitant de nom (pour Centre d’Océanologie de Marseille a b) fermant la porte à un passé (trop) prestigieux. À la fin de 1985, le journal scientifique de biologie marine Téthys, publiée depuis 1969, a été supprimé définitivement - le dernier numéro fut un hommage au Prof. J. M. Pérès. Ce fut aussi une conséquence de l'incapacité des scientifiques à faire évoluer la bionomie benthique vers des concepts modernes émergeants et pluridisciplinaires, dont divers biologistes étaient porteurs. Les successeurs potentiels à l'ego surdimensionné, dans une ambiance de lutte intestine, ont provoqué le sabordage, non seulement de l’Ecole d’Endoume, mais aussi des recherches bionomiques en mer Méditerranée. 30 ans après, le naufrage est consommé... Des situations similaires se sont produits dans d'autres lieux méditérranéens, comme à Banuyls (France) ou pour la succession de Ramón Margalef en 2004 à Barcelone (Espagne).
Puis, petit à petit, c’est la biologie moléculaire et la génétique des populations, qui remplacent la bionomie benthique et l’École d’Endoume, dont tous les acteurs, des océanographes biologistes, sont maintenant à la retraite… et non remplacés. La place est aux molécularistes.
Fin 2011 voit la disparition de la Station Marine d'Endoume... et met un point final à sa prestigieuse histoire depuis sa création par A. F. Marion en 1889.
Romano D. (1996). Histoire de la Station Marine d'Endoume et du Centre d'Océanologie de Marseille de l'origine (1869) à nos jours. Résumé Mémoire de Maîtrise, Université Aix-Marseille.
Boury-Esnault N. et al. (2023). The Station Marine d’Endoume, Marseille: 150 years of natural history. Zootaxa 5249 (2), 213-252.
(1) Pérès J. M. & J. Picard, 1951. Nouvelle carte des fonds du Golfe de Marseille. Vie et Milieu, 7 p. avec carte.
(2) Pérès J. M. & J. Picard, 1955. Biotopes et biocoenoses de la Méditerranée occidentale comparées à ceux de la manche et de l’Atlantique nord-oriental. Arch. zool. Exp. géné., 92 (1), 1-71.
(3) Pérès J. M., 1961. Océanographie biologique et Biologie Marine. Vol. 1 « Vie benthique », Presses universitaires de France, Paris, 541 p.
(4) Pérès J. M. & J. Picard, 1964. Nouveau manuel de Bionomie benthique de la Mer Méditerranée. Recueil des Travaux de la Station Marine d’Endoume, 47 (31), 3-137.
(5) Pérès J. M, 1982. Ocean Management. In : Marine Ecology Ed. O. Kinne, Wiley, London, 5 (1), 642 p.
a Ceux qui ont décidé du changement de nom devaient ignorer que le mot océanologie a été inventé par J. M. Pérès (photo ci-contre) !
b Les différents noms sur le site originel à Malmousque (rue de la Batterie-des-Lions, 13007 Marseille).
- 1889-1900 : Station zoologique d’Endoume Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), directeur de 1889-1900.
- 1900-1939 : Laboratoire Marion.
- 1939-1982 : Station Marine d’Endoume J. M. Pérès (1915-1998), directeur de 1948-1982 ; C. C. Emig, directeur-adjoint de 1978-1982.
- 1983-2011 : Centre d’Océanologie de Marseille.
* En 2012, il est supprimé et les personnels se répartissent entre deux instituts nouveaux : - Institut Méditerranéen d'Océanographie (MIO), situé sur le Campus Universitaire de Luminy, 13009 Marseille ; - Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie marine et continentale (IMBE), Campus Saint-Charles, 13003 Marseille.
- Depuis ce n'est plus que le nom du bâtiment originel dans le quartier de Malmousque à Marseille, hébergeant des personnels ces deux instituts de recherche.
Our knowledge of Mediterranean marine benthos has a "limited value" according to the weak support of adequate political decisions and lack of adequate financial support.
Problems, gaps and apparent deficiencies in the knowledge of Mediterranean biodiversity can be listed but not exhaustively:
- Lack of information on global deep-sea benthos.
- Lack of information on biodiversity distribution at different scales.
- Lack of information on long-term biodiversity trends related to the no-renewal of the taxonomists and systematicians, before retirement.
- Lack of clear idea of the anthropogenic impacts
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