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La Mer Méditerranée

Texte de Christiane Villain-Gandossi et Christian C. Emig
Directeurs de recherche honoraires au CNRS
- Mise en ligne le 5 avril 2008 -

 

     Les peuples riverains de la mer Méditerranée sont liés depuis des millénaires par leur histoire autour de cette mer commune - la « Tethys » des Grecs puis la « Mare Nostrum » des Romains. Il est difficile de considérer le bassin méditerranéen comme un ensemble politique cohérent et de ne pas tenir compte des fractures et des conflits qui le divisent. Pourtant,  aujourd’hui, malgré des différences politiques, économiques et culturelles, cette mer appelle les peuples des 23 pays riverains à une solidarité commune, basée sur un ensemble d’actions concertées, comme le Plan Bleu (PNUE) (dont la Commission Méditerranéenne du Développement Durable), le Plan d’Action pour la Méditerranée, afin de freiner la dégradation de leur cadre de vie, car, autour des 46 000 Km de côtes de cette mer qui fut durant des siècles le centre du monde occidental, les hommes se sont rencontrés et se sont affrontés, tout en restant liés par un héritage incomparable et par des  enjeux communs. La nature a façonné les hommes, et les civilisations se sont succédé les unes aux autres avec des mutations rapides ; les hommes ont en retour pesé sur la nature. C’est sur le littoral que tout se concentre : urbanisation, compétition pour les sols et les énergies, tourisme, pollutions et déchets se déversant dans la mer, dégradation des paysages, des écosystèmes tant terrestres que marins. Ces conséquences d’une trop nette tendance à la surpopulation littorale ne pourront que difficilement être contenues : il n’y a que peu d’avenir pour un développement durable. C’est un exemple d'interface entre systèmes de processus naturels (géosystèmes) et systèmes anthropiques (sociosystèmes) dénotant une "vulnérabilité" notable. Malheureusement, il y a une propension à ne pas en voir l’importance pour une gestion raisonnable : une contradiction que les politiques, mais aussi les scientifiques, ne font qu’amplifier.

     La mer Méditerranée – signifiant mer au milieu des terres - présente les spécificités suivantes :

  • elle baigne trois continents, Europe, Afrique, Asie ;
  • elle fut le berceau de trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme, islamisme ;
  • elle est composée de trois bassins très différents, occidental – oriental – pontique (mer Noire) ;
  • elle se divise en trois zones : Nord, Sud et Est.

     Les recherches scientifiques les plus récentes, tant en océanographie biologique et physique qu’en géologie marine, ont été synthétisés avec des données inédites qui remettent en question des concepts traditionnellement véhiculés sur les origines et l’évolution des bassins méditerranéens et de sa faune et flore. Car, la mer Méditerranée possède une riche histoire scientifique, plus riche que n’importe quelle autre mer ou océan, avec sur ses rives les plus anciennes stations marines du monde (Banyuls, Villefranche-sur-mer, Marseille, Naples, Toulon…) ce qui explique que cette mer est la plus étudiée au monde. Et pourtant, il subsiste bien des lacunes, même si c’est un peu moins qu’ailleurs, comme la distribution de la faune marine à diverses échelles, la mauvaise connaissance de la biodiversité de la faune profonde, l’évolution dans le temps de la biodiversité. L'une des causes principales de ces lacunes est les insuffisances de supports financiers pour mener les recherches scientifiques, avec comme conséquence le manque de chercheurs (lire Danovaro, 2001).

Une mer de navigateurs, de commerçants, de touristes

     La mer Méditerranée a toujours été un espace de commerce et d’échanges alors que la pêche y est demeurée le plus souvent une activité traditionnelle, qui conserve sa structure artisanale et ses techniques anciennes. Réduite à cause de la pauvreté générale en poissons et fruits de mer, cette activité a cependant fait naître une très ancienne civilisation halieutique, fondée sur l'exploitation du thon, de la sardine et de l'anchois. Au cours de l'histoire, chaque communauté a su, avec des techniques particulières, s'approprier les ressources marines, inventant les instruments adaptés aux différentes zones de pêche et aux différentes espèces, et utilisant différents types d'embarcations. Ces techniques qui peuvent avoir perduré, mais avec de nouveaux matériaux, reposent sur la connaissance du milieu et conditionnent l'organisation professionnelle des équipages (l'exemple des prud'homies).
     La Méditerranée reste donc une mer de. Ceci explique que rares sont les villes du littoral méditerranéen ouvertes vers la mer, le port de commerce étant une gare de triage pour l’échange des marchandises et maintenant de touristes, le port de pêche n’occupe qu'une place modeste. Quant au reste du rivage, il est bétonné jusqu'au bord de l’eau pour les touristes et les habitants de ces villes.


Pour en savoir plus, un livre électronique :

"La Méditerranée autour de ses îles"

Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (édition électronique), 2008,
édités par le CTHS (Paris), sous la direction de Christian Emig, Christiane Villain-Gandossi et Patrick Geistdoerfer

 
   

 
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